Nouveau look, nouveaux imprésarios, mais toujours sous contrat avec Universal France. Quatre ans après son premier album vendu à 300 000 exemplaires, Pascale Picard et son band sont de retour avec A Letter to No One, album plus doux, étoffé et éclectique, mené par une composition qui a gagné en maturité, par la force des choses. Entrevue avec Pascale Picard et le batteur Marc Chartrain, qui est aussi son amoureux.

Il y a longtemps que les fans de Pascale Picard patientent pour son deuxième album. Patrick Huard a choisi des compositions de Me, Myself & Us pour Les 3 p'tits cochons il y a plus de quatre ans déjà, mais la chanteuse de Québec n'a pas chômé depuis pour autant. Loin de là.

«Ça fait deux ans et demi qu'on est absents du paysage québécois, mais on a terminé la dernière tournée de Me, Myself & Us en France le 15 novembre 2009, puis on est entrés en studio en janvier 2010», raconte-t-elle.

Comme pour son premier album, le Pascale Picard Band a décidé de retourner dans le studio des frères Grand à Morin Heights. «Mais, à la mi-mars, on a décidé de sortir de là, raconte-t-elle. Personne ne voulait s'avouer que nous étions plus ou moins fiers de ce qu'on faisait.»

Après une semaine de repos, l'abcès a crevé entre les membres du groupe. Qu'est-ce qui clochait? «La musique n'est pas une science exacte. C'est une question de chimie, répond Pascale Picard. Mais on n'avait pas le choix, il fallait explorer autre chose.»

Le réalisateur Jean-François Lemieux, avec qui Marc Chartrain avait travaillé au dernier album de Damien Robitaille, a été appelé en renfort. «On savait qu'on prenait un risque», signale le batteur.

À l'autre bout de l'Atlantique, Universal France ne l'a pas trouvé drôle. «Je me souviens de la téléconférence, raconte Pascale Picard. Ils nous disaient: «On n'est pas la banque de France!» Ils ont envoyé deux Français en délégation.»

Il faut dire que le major n'avait vu qu'une vidéo de Jean-François Lemieux - dénichée sur l'internet - en train de faire un mime... Universal et Pascale Picard ont toutefois rapidement trouvé un terrain d'entente et développé une confiance mutuelle. «C'est ça qui arrive quand 6000 kilomètres nous séparent de notre maison de disque.»

Entre-temps, le Pascale Picard Band a loué un local de pratique à Québec «qui coûte 50 $ par semaine» et «où on peut boire de la bière». Le plaisir de jouer ensemble est revenu: de nouvelles chansons sont nées, avec l'occasion d'expérimenter des trucs.

Pascale Picard se souvient du moment où son acolyte bassiste Phil Morissette lui a proposé des arrangements de cordes. Sa première réaction: «ouach».

Au final, le Quatuor Orphée est venu enregistrer des arrangements en studio. «J'ai dit wow... oh my God! c'est ce que ça prenait pour avoir des frissons», se souvient la chanteuse.

Faire les choses à sa manière

Le deuxième album du Pascale Picard Band, intitulé A Letter To No One, comprend 14 chansons, où se côtoient la douceur des cordes du Quatuor Orphée, du banjo, un pedal steel et un duo avec Damien Robitaille (le voisin de Marc Chartrain). «C'est une photo d'un moment, cet album-là. On n'avait pas envie d'un album homogène, même si ça finit par l'être», explique l'auteure-compositrice-interprète de 28 ans.

«Cela a été l'album de la communication, ajoute Marc Chartrain. Nous sommes tous émotifs, mais d'une bonne façon. On n'a pas d'ego donc c'était l'fun de travailler avec JF (Jean-François Lemieux).»

En entrevue, Pascale et Marc parlent beaucoup de gang. De Valérie Jodoin-Keaton qui a conçu la pochette à partir des dessins de Pascale, du guitariste Andre Papanicolaou ou encore de Louis Fernandez, qui cosigne le texte de la chanson The Right Rhyme. «J'ai l'impression qu'enfin, mon stress tombe, dit Pascale Picard. Je suis tellement fière de cet album-là. On a fait le choix de mettre 14 chansons, même si on prend plus de risque.»

Les fans de Me, Myself & Us ne seront pas perdus avec A Letter To No One. «C'est moins rageur. J'ose espérer que j'ai vieilli.... Sur le premier album, il y avait des chansons que j'avais écrites à 17 ans, dit Pascale Picard, qui a aujourd'hui 28 ans. J'avais besoin de calme, mais j'ai déjà des idées avec du gueulage et des affaires qui rentrent dedans pour le show.»

Le spectacle n'est pas encore monté. Hormis une tournée du ROSEQ dans des petites salles de la province, rien ne figure à l'agenda du Pascale Picard Band, qui ne veut pas se presser et qui attend que la date sortie de A Letter To No One se confirme en Europe. Pascale et ses complices ne veulent plus déplacer un spectacle à l'Impérial de Québec pour une participation à l'émission Taratata. «On était en décalage horaire, je dormais pendant les tests de son, raconte-t-elle. Je ne veux plus plier sur ce que je veux pour dire oui à quelqu'un envers qui je devrais être reconnaissante.»

La chanteuse - qui caressait jadis le rêve de tout simplement jouer au Dagobert - ne pouvait prévoir le succès de son premier album en France et son contrat avec le géant qu'est Universal France. En entrevue, il est comique de l'entendre parler «des Français».

La jeune femme a par ailleurs deux nouveaux imprésarios: Sandy Boutin, imprésario de Karkwa et président-fondateur du Festival de musique émergente (FME), de même que Mylène Tapp, qui s'occupe déjà de la carrière de Damien Robitaille, en plus d'avoir sa boîte de production de spectacles et d'agence de tournée, 9e Vague.

Paul Dupont-Hébert demeure dans son entourage, car Tandem Musique a toujours la licence de A Letter To No One pour le Québec.

Parlant de changement, impossible de passer sous le silence le look plus féminin de la jeune femme et son corps aminci. «C'est juste que les gens ne m'ont pas vue depuis longtemps!» lance-t-elle.

Et son chum assure que sa «bébitte de stress» mange plus que lui.