C'était écrit dans le ciel: Arcade Fire est sorti grand vainqueur du 40e gala des Juno. Le groupe montréalais a remporté quatre trophées, dont ceux de l'album et du groupe de l'année. Après le sacre au Grammy et aux Brit Awards, la bande de Win Butler et Régine Chassagne a terminé en grand sa saison des récoltes de prix.

En allant chercher un premier trophée, Butler a rendu hommage à d'autres groupes indépendants qui ont fait la réputation musicale du Canada et de Montréal, dont Wolf Parade et The Unicorns. La deuxième fois, il a fait connaître Kanpe, organisme humanitaire voué à la reconstruction d'Haïti lancé en juillet dernier par sa femme, Régine Chassagne, et Dominique Anglade. «Merci à Montréal, notre maison, et à Toronto, l'un des premiers endroits où nous avons joué», a dit pour finir Richard Reed Perry.

Le jeune chanteur originaire de Mont-Laurier Bobby Bazzini a vu le trophée du nouvel artiste de l'année lui échapper aux mains de Meaghan Smith et celui du meilleur album pop aller à Justin Bieber. Mais c'est Neil Young qui a été sacré artiste de l'année.

«En quelle année sommes-nous?» a lancé le rockeur, manifestement surpris. Plus tôt dans la soirée, Daniel Lanois lui avait rendu hommage pour son engagement humanitaire. «La musique est le langage de l'amour», a déclaré Neil Young. Pour aider les autres, il faut d'abord «regarder à l'intérieur de soi-même» pour éviter de «mettre du parfum sur un corps sale».

De tout pour tous

Pour son 40e anniversaire, le gala des prix Juno se voulait rassembleur: un jeune rappeur de 24 ans (Drake) à l'animation, des hommages à des ambassadeurs canadiens comme Neil Young et Shania Twain, et des prestations à la fois pop et indie, de Hedley à Sarah McLachlan, en passant par Chromeo et Tokyo Police Club. Présenté par Feist, Arcade Fire a interprété Rococo.

Drake s'est bien débrouillé comme hôte de la soirée. Ses interventions étaient plutôt sporadiques, de sorte qu'il n'a pas trop été à l'avant-plan, lui qui avait six nominations (mais qui est reparti bredouille). On lui pardonne d'avoir dit que Toronto était la ville la plus extraordinaire au monde et on le félicite pour son numéro intitulé Old Money, où il interagit avec des «vieux».

Lauréat du prix du public, Justin Bieber n'était pas présent, mais il avait un rôle important dans le numéro d'ouverture, en conversation avec Drake sur Skype. Bonne idée d'avoir invité Chilly Gonzales au piano sur scène au tout début du gala, mais on ne peut pas en dire autant de la voix hors champ qui décrivait les faits et gestes des présentateurs et des gagnants.

Le gala n'aura été ni mémorable ni raté. Il y a eu un clip de Yoko Ono racontant son bed-in à Montréal avec John Lennon pour la naissance de Give Peace a Chance, de même qu'un hommage à Shania Twain, intronisée au Temple de la renommée de la musique canadienne.

Pas de performance en français

Seulement huit catégories étaient présentées pendant la cérémonie télédiffusée. Dommage qu'il n'y avait pas de performance musicale en français, même pas dans le medley du meilleur de la musique canadienne des 40 dernières années.

Pourtant, beaucoup d'artistes et de formations du Québec étaient en nomination cette année, même si c'était surtout dans des catégories présentées lors du gala hors d'ondes, samedi soir.

En tant que gagnant du prix Polaris, Karkwa aurait mérité une prestation durant le gala diffusé. Karkwa n'a pas fait le poids devant Arcade Fire pour le prix Juno du meilleur album alternatif, mais il a remporté le trophée du meilleur album francophone.

De son côté, Élage Diouf a remporté les honneurs dans la catégorie à l'Album musique du monde pour Aksil, catégorie où le Montréalais Roberto López était également finaliste.

Dans la catégorie du meilleur album de jazz contemporain, la Montréalaise Christine Jensen et son jazz orchestra se sont illustrés pour le disque Treelines, alors que Le Vent du Nord a remporté le Juno de l'album traditionnel (dans la catégorie groupe) pour La part du feu.

Misteur Valaire était finaliste comme révélation de l'année (groupe), mais il s'est incliné devant la formation vancouvéroise Said The Whale. Dans la catégorie du meilleur album électronique, Caribou l'a remporté contre Poirier, tout comme deadmau5 contre Chromeo pour l'enregistrement dance de l'année.

Plusieurs autres artistes et groupes québécois sont repartis avec l'honneur d'être tout simplement en nomination. Dans les catégories de musique classique, citons les Marc-André Hamelin, Ensemble Caprice, Les Violons du Roy sous Bernard Labadie, Karina Gauvin, de même qu'Angèle Dubeau et La Pietà; dans les catégories jazz, Matt Hershowitz, Nikki Yanofsky, Chet Doxas et Félix Stüssi. Sans compter Benjamin Lussier, réalisateur du clip Chargez! du groupe Ariel.

Ancien universitaire québécois à l'Université Bishop's de Lennoxville, Johnny Reid a remporté le trophée de l'album country de l'année pour A Place Called Love.



Les principaux lauréats


> ALBUM DE L'ANNÉE : The Suburbs, Arcade Fire

> ARTISTE DE L'ANNÉE : Neil Young

> GROUPE DE L'ANNÉE : Arcade Fire

> AUTEUR-COMPOSITEUR : Arcade Fire

> NOUVEL ARTISTE : Meaghan Smith

> NOUVEAU GROUPE : Said The Whale

> ALBUM POP DE L'ANNÉE : My World 2.0, Justin Bieber

> ALBUM ROCK DE L'ANNÉE : Vancouver, Matthew Good

> ALBUM ALTERNATIF : The Suburbs, Arcade Fire

> ALBUM FRANCOPHONE : Les chemins de verre, Karkwa

> ALBUM INTERNATIONAL : Teenage Dream, Katy Perry

> SINGLE DE L'ANNÉE : Wavin' Flag, Young Artists for Haiti

> CHOIX DU PUBLIC : Justin Bieber

Photo: PC

Shania Twain a été intronisée au Temple de la renommée à l'occasion du 40e gala des Juno, hier soir.