Elle se produira bientôt en Californie, à Coachella, la messe nord-américaine des festivals rock. Elle assure la première partie de la tournée de Katy Perry, en Angleterre. Et c'est le Montréalais Jérémie Saindon qui signe la réalisation des clips des deux premiers extraits de son album. Globe-trotter, Yelle s'apprête à conquérir le monde une fois de plus avec Safari Disco Club, qui sort le 29 mars.

Avant 2007, Yelle n'avait jamais pris l'avion. Son tout premier vol, à bord d'un petit avion, l'a menée de sa ville natale, Saint-Brieuc, en Bretagne, jusqu'à Stockholm, en Suède, où elle se produisait en spectacle. «Depuis, j'ai rattrapé mon retard», dit-elle en riant.

Elle «n'avait rien calculé de ce qui est arrivé» quand elle a mis sa chanson salace Je veux te voir sur MySpace, en 2005. Le succès a été tel que la jeune chanteuse française - associée à la mode de la tecktonik - a trouvé une maison de disques pour lancer son premier album, Pop-Up, puis avec des bombes comme À cause des garçons, elle n'a pas tardé à faire une tournée européenne avec le chanteur Mika.

Yelle et ses musiciens/producteurs Grand Marnier et TEP ont tourné un peu partout dans le monde pendant près de trois ans, de l'Australie aux États-Unis en passant par le Japon et l'Amérique du Sud. Ils sont passés plusieurs fois par le Québec, que ce soit aux FrancoFolies ou à Pop Montréal, en 2007, et au Club Soda, en avril 2008. «On a vraiment eu un crush pour le public montréalais. La première fois que j'ai pleuré sur scène, c'était au Club Soda pendant la chanson Je veux te voir», raconte celle dont le vrai nom est Julie Budet.

Yelle et ses complices sont finalement rentrés en France pour poser leurs valises, en mai 2009, mais les vacances ont été brèves. «Après l'été, on a recommencé à travailler, dit Yelle. On a loué un gîte en Bretagne au milieu de la forêt. On a eu besoin d'être à l'écart pour remettre le pied à l'étrier.»

Que veux-tu? est la première chanson qui est sortie de la tête des trois complices. C'est le Montréalais Jérémie Saindon qui signe la réalisation du clip, tout comme celle de la chanson-titre de Safari Disco Club. «On aimait bien ce qu'il avait fait avec Numéro# et Omnikrom, explique Yelle. On a les mêmes références... C'est facile de travailler avec quelqu'un de sa génération. Et avec Jérémie, c'est comme si on se connaissait depuis longtemps.»

Pour quelques chansons de Safari Disco Club, Yelle, Grand Marnier et TEP ont également collaboré avec le bidouilleur berlinois Siriusmo. «On a fait l'album très spontanément. On n'avait pas à travailler dans l'urgence et on a pu digérer les trois ans de tournée», raconte Yelle.

Safari Disco Club replonge dans les mêmes eaux électro que Pop-Up, mais c'est moins sucré. «Pour avoir beaucoup joué des percussions sur scène, elles sont plus étoffées», souligne Yelle.

La jeune femme de 28 ans a suivi des cours de chant, car «elle avait envie de chanter au lieu de rapper». «Ça m'a donné plein d'idées pour de nouvelles harmonies.»

Cela s'entend sur Safari Disco Club. Les chansons demeurent dansantes et rythmées, mais elles sont plus mélodiques. Pour ce qui est des claviers, Yelle voulait le côté chaud des «rythmes caribéens», mais aussi le côté froid des «synthés new wave».

Les textes évoquent la fête, mais les références sont moins crues. «Ce serait facile de dire que c'est plus mature, dit Yelle. Il y a des choses plus sombres, mais il y a une énergie positive dans la musique (...) On a eu envie d'aborder les choses de façon un peu plus profonde et ça se traduit par des textes moins naïfs.»

Gros succès à l'horizon?

Safari Disco Club sort le 29 mars en Amérique du Nord, deux semaines après sa sortie en France. Tout porte à croire que Yelle - interviewée il y a plusieurs semaines - poursuivra sa conquête du monde. À la mi-avril, elle se produira pour une deuxième fois au festival Coachella, plus important festival de musique estival aux États-Unis.

À l'heure actuelle, Yelle fait la première partie de la tournée britannique de Katy Perry. «Elle nous soutient depuis l'époque de Je veux te voir, explique Yelle. On l'a rencontrée l'an dernier à Coachella, où nous sommes allés en festivaliers. Elle nous a ensuite envoyé un message sur Twitter pour voir si on voulait jouer avec elle.»

La pop électronique de Yelle est une preuve de plus que de chanter en français n'est plus une barrière à l'exportation. «On a toujours eu du mal à l'expliquer. Mais l'internet a été un tremplin pour nous.»

Yelle sera en spectacle au National, le 3 mai, et au Cercle de Québec, la veille.

POP

Yelle.  Safari Disco Club. Fontana North.