Géraldine Laurent, 36 ans, est actuellement la saxophoniste la plus en vue dans l'hexagone. Cette spécialiste de l'alto s'est acquis une réputation de taille en France, réputation qui pourrait s'accroître de ce côté de l'Atlantique, puisqu'elle y joint les rangs du quartette de son collègue montréalais Rémi Bolduc avec qui elle fera musicalement connaissance ce samedi
Invitée à l'université Laval pour une classe de maître, Géraldine Laurent s'est produite jeudi au Largo aux côtés du pianiste Vincent Gagnon avant de revenir sur Montréal afin de s'y faire connaître. Et, fort possiblement, d'y briller à L'Astral. Au festival Jazz en rafale, on a pris la bonne habitude de miser sur des rencontres inédites entre musiciens étrangers et locaux, sa direction artistique connaît bien assez le genre pour deviner les affinités de musiciens qui n'ont pas tissé de liens jusqu'à ce jour.
«Je ne connaissais pas Rémi, on m'a fait parvenir sa musique. Il est très bien! C'est un excellent saxophoniste. Je suis donc ravie d'être ici», confie la musicienne fraîchement débarquée en Amérique francophone.
«Au départ, explique-t-elle, Rémi et moi avions pensé construire ce concert sur des reprises de mon dernier album, mais nous avons finalement décidé de revoir des morceaux qu'a arrangé Rémi pour deux saxophones altos. Du coup, on ne fera pas d'hommage à Charlie Parker tel qu'annoncé dans programme officiel. On fera un ou deux morceaux de Gigi Gryce, des morceaux de Rémi, d'autres reprises.»
Géraldine Laurent a grandi à Niort dans la région Poitou-Charentes, pas très loin de La Rochelle. Dès l'enfance, ses qualités musicales furent reconnues et encouragées.
«Je viens d'un environnement plutôt classique. Mes parents sont pédagogues, mon père enseigne la musique et ma mère les arts plastiques. J'ai commencé par le piano et j'ai fait du saxophone dès l'âge de 13 ans. J'ai fait le conservatoire puis je me suis inscrite en musicologie à l'université. Je n'ai pas complété ma licence car j'ai eu envie de reprendre le saxophone. Je me disais que c'était dommage de ne pas continuer, d'autant plus que j'avais un excellent prof de sax à Niort. Puis j'ai fait le métier, j'ai joué dans des fanfares, groupes de salsa et autres jazz Nouvelle-Orléans... et je suis partie assez vite à Paris. Vaut mieux y être pour l'émulation.»
Le vent n'a vraiment tourné pour Géraldine Laurent qu'en 2005, lors d'un concert présenté dans un bar du port de Calvi (en Corse) où trois journalistes de jazz s'étaient échoués. L'un d'entre eux était Philippe Carles, un des plus éminents de l'entière communauté jazzistique. Pour Jazz Magazine, rapporte-t-on sur le site officiel du label Dreyfus (avec lequel Géradine Laurent est associée), il avait écrit: «L'alto de Géraldine tranche dans le vif de l'impro hors des sentiers usés du bop et donne à ces nuits calvaises leur raison d'être: fomenter la vie du jazz».
Géraldine Laurent était lancée pour de bon. On peut comprendre le coup de pouce de la presse spécialisée, on saisit d'emblée le talent réel de Géraldine Laurent. Qualité du jeu, beauté du timbre et inflexions personnelles la positionnent au sommet de la profession.
En 2007, le label Dreyfus lançait un album de son Time Out Trio, trois ans avant la parution d'Around Gigi, opus en configuration quartette et dont le titre s'inspire du légendaire saxophoniste Gigi Gryce (1925-1983), figure marquante du hardbop - et renommé Basheer Qusim après s'être converti à l'Islam dans les années 50. Dans cet esprit, Géraldine Laurent a aussi composé des thèmes pour cet album porté aux nues par la critique française l'an dernier.
Selon ses dires, le sax alto de Géraldine puise non seulement chez Gigi mais aussi chez Bird et Paul Desmond qu'elle a toujours écouté à la maison. Elle se produit généralement avec le Time Out Trio aux côtés de Yoni Zelnik, contrebasse et Franck Agulhon, batterie, auxquels s'est joint l'excellent pianiste et compositeur Pierre de Bethmann pour l'enregistrement d'Around Gigi.
Avec les jazzophiles québécois, cependant, la prise de contact ne se fera pas avec l'ensemble de Géraldine Laurent. Un «sommet» prévu avec Rémi Bolduc, souffleur d'alto comme sa collègue, n'était pas à dédaigner!
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Dans le cadre du festival Jazz en rafale, Géraldine Laurent se produit avec le quartette de Rémi Bolduc ce samedi, 20h, à L'Astral. Également vendredi soir à L'Astral, l'ensemble de la saxophoniste torontoise Jane Bunnett accueille le pianiste Hilario Duran. À l'Upstairs, les Américaines Linda Oh (contrebasse) et Jamie Baum (flûte) se produisent vendredi et samedi avec le groupe du saxophoniste montréalais Samuel Blais.