À Las Vegas, il faut toujours étonner. C'est dans cet esprit qu'on a intégré dans le nouveau spectacle deux duos virtuels: un premier où une Céline virtuelle chante sur la scène How Do You Keep the Music Playing? avant qu'apparaisse dans la salle la véritable Céline, et un autre où la Céline en chair et en os vient chanter Overjoyed avec un Stevie Wonder virtuel, assis au piano.

La technique de projection utilisée, baptisée Pepper's Ghost du nom de son inventeur John Henry Pepper, date du milieu du XIXe siècle. «Céline veut un hologramme depuis 1998, elle m'en parlait continuellement, raconte Yves Aucoin, concepteur de la production de l'équipe Dion-Angélil. J'ai établi le contact avec Musion, une compagnie de Londres qui possède cette technologie, dès l'an 2000.»

Ne restait plus qu'à convaincre le patron, René Angélil. L'imprésario raconte: «En juin dernier, plusieurs compagnies sont venues nous présenter leurs effets spéciaux. J'étais assis dans la 12e rangée quand Yves Aucoin, sur la scène, m'a annoncé que c'était au tour de Musion et de son Pepper's Ghost. Au même moment, j'ai senti une petite tape dans le dos: c'était Yves. Je n'en revenais pas, je le voyais toujours sur la scène! L'illusion était parfaite. Les spectateurs vont être confondus: ils vont croire que l'une des deux Céline est une imitatrice. Après la première, ils vont le savoir, mais ils vont vouloir le voir de leurs propres yeux.»

Aucoin et le directeur des opérations Denis Savage rigolent quand je leur rappelle la réaction d'Angélil ce jour-là. «René n'avait pas de raison de se douter que ce n'était pas le vrai Yves Aucoin qu'il voyait sur scène, c'est pour ça que le gag a fonctionné», dit Savage. Son collègue Aucoin renchérit: «C'est le plus gros Pepper's Ghost jamais fait, pour un public de 4000 personnes, mais ça reste une projection. Il faut que le public accepte de jouer avec nous pendant quelques minutes. On ne pourrait pas faire un spectacle complet avec cette technique-là.»

«Le tournage avec Stevie s'est fait ici, fin février, avec Yves et Denis, explique Melissa Wiegel de la boîte multimédia Moment Factory. On avait fait des tests à Montréal au préalable, on a fait une maquette et on est passé par plusieurs étapes pour être vraiment précis à notre arrivée à Las Vegas, où il a fallu tester les angles et les exigences techniques pour que ça fonctionne dans un théâtre.»

Ces deux numéros n'ont finalement été présentés devant public que lors de la quatrième et dernière générale, samedi dernier. C'est ce qu'on appelle vivre dangereusement. «Plutôt que de se disperser, on a décidé de se concentrer sur les autres 95% du spectacle et de garder ça pour la fin, explique le metteur en scène Ken Ehrlich. Céline étant à l'aise avec le reste, on s'est dit que ça serait facile pour elle, qu'elle saurait quoi faire. Ces numéros, c'est la cerise sur le sundae.»