La belle surprise de la saison? Wounded Rhymes, deuxième disque de la chanteuse pop suédoise Lykke Li, un poignant recueil de 13 chansons qui révèlent la vraie nature de la jeune femme: furieuse, frondeuse, mais d'une extrême sensibilité. À prendre ou à laisser.

«Seule, je me sens moi-même, authentique. Sur scène, à la télé, en entrevue, je suis quelqu'un d'autre», dit la demoiselle qui, ce mois-ci, fait la page couverture du magazine américain Spin.

C'est à Los Angeles qu'on l'attrape, à la veille du premier concert de la tournée nord-américaine qu'elle mène pour promouvoir Wounded Rhymes, fantastique successeur du Youth Novels d'il y a presque trois ans. «Je vais très bien malgré le décalage horaire, merci, dit Lykke Li, d'un ton souriant. Ça fait du bien de me retrouver ici...»

Son deuxième chez-soi, la Californie? «Le plus possible, bien qu'il n'y ait pas de place que je considère comme chez moi. Ce n'est malheureusement pas un endroit que je visite assez souvent. Je me sens bien à Los Angeles.»

Il s'agit de sa première visite depuis qu'elle y a composé et enregistré, pendant quatre mois, les chansons acidulées de Wounded Rhymes. «Je crois bien qu'on peut entendre un peu de la Californie dans cet album - le son du Hammond, par exemple. Ou peut-être les couleurs plus psychédéliques.»

Fille de musiciens - «Je ne retiens aucune influence musicale venant d'eux», dit-elle -, Lykke Li lance en 2008 son Youth Novels. Un succès critique et commercial inattendu, fait de pop acoustique légère et de ballades aigres-douces. L'album et ses principaux extraits - la charmante Little Bit, I'm Good I'm Gone - constituaient un confortable véhicule pour la voix, espiègle et singulière, de la Suédoise. Plus qu'un timbre, qu'un coffre ou qu'un accent exotique, c'est une personnalité avec laquelle on ne faisait que commencer à se familiariser.

«Les gens croient toujours te connaître un peu parce qu'ils ont écouté tes chansons, ou qu'ils t'ont vu une fois à la télé, ou sur scène», commente Lykke Li. En rétrospective, Youth Novels passe aujourd'hui pour une prudente carte de visite. Car c'est sur scène qu'on découvrait la vraie nature de Lykke Li. À ses trois précédentes visites à Montréal (à la Sala Rossa, au Club Soda et au Festival Osheaga), la chanteuse distribue les gros mots, converse sans gêne, reprend du Lil' Wayne, du Rick Ross et du Vampire Weekend. On lui colle aussi la réputation d'être difficile à saisir, spontanée et peu aimable avec les journalistes.

Wounded Rhymes, à nouveau réalisé par son âme soeur musicale, le Björn Yttling du trio Peter, Björn and John, est-il l'album de la vérité crue, de l'honnêteté? «Définitivement. Ce disque est plus près de moi que le précédent. Je ne dirais pas que le premier disque était plus mignon; ma voix sonnait plus mignon parce que j'étais plus jeune, plus naïve à cette époque», précise Lykke Li qui a eu 25 ans, hier. «Ça ne me fait pas grand-chose, dit-elle. J'étais plus excitée lorsque j'ai eu 21 ans, alors que tout restait à accomplir.»

Et son prochain spectacle? «Sur scène, j'ai les mêmes musiciens que la dernière fois, les mêmes qui jouent sur le nouvel album, aussi. Je n'ai aucune idée de ce que ça donnera - je ne prévois jamais rien, alors on verra le soir même du concert comment ça va se passer.»

Seules une ou deux chansons de Youth Novels seront au programme. «Je l'ai enregistré il y a si longtemps, je suis rendue complètement ailleurs... L'important, c'est d'exceller en spectacle avec mes nouvelles chansons. C'est une chose de finir un album en se disant qu'on a fait le meilleur possible. C'en est une autre de transposer ça sur scène et de donner une performance parfaite.»

Lykke Li sera au Métropolis le 21 mai.

Lykke Li. Wounded Rhymes, Warner.