On le connaît comme le claviériste et trompettiste de Mes Aïeux, mais beaucoup moins comme auteur-compositeur-interprète pour enfants, même si son premier album jeunesse est paru avant les grands succès du groupe. Cela pourrait bien changer avec Les pourquoi, qui est presque autant le projet d'un stand-up comic que d'un musicien.

Fou, drôle, voire gentiment délirant, ce nouveau livre-disque illustré par la plume un brin déjantée du duo Fil et Julie, est sans doute celui qui ressemble le plus à Benoît Archambault.

Fou comme le rouquin peut être lorsqu'il joue avec ses garçons de 7 et 10 ans ou lorsqu'il invente les personnages préhistoriques «Râw et Awrârâ», avec le réalisateur et musicien Simon Proulx, au «Studio Pantoufle» de Saint-Colomban. Studio tout confort que Proulx a aménagé dans son sous-sol, doit-on comprendre, mais qui offre aussi toute la rigueur nécessaire à un véritable projet musical.

Au fil des spectacles et de ses trois albums, Benoît Archambault a peu à peu épuré son propos pour se rapprocher davantage de celui qu'il est dans la vie, plus mature dans le ton et dans l'humour, qu'il ne veut ni trop gnangnan ni prêchi-prêcha. Cette nouvelle formule mélangeant sketchs fous et chansons plus sages est «le compagnon idéal de vos voyages en voiture» ! dit-il à la rigolade. «C'est beaucoup ce que j'aimerais entendre. Pour moi, c'est ça le bonheur, donner un spectacle et voir les parents rire et les enfants aussi, mais pas nécessairement aux mêmes places. C'est une célébration de la famille.» Ainsi, l'âge du public cible a sans doute évolué avec celui de ses fils. «Avoir des enfants, c'est un bel atelier de création. Pour moi, ça s'est avéré un super laboratoire», dit-il.

Ses sketches, dans lesquels il joue au maître de cérémonie répondant aux questions des enfants (pourquoi on a un prénom? comment on fait pour grandir?) rappellent ceux de François Pérusse ou de Philippe Laguë, à la radio de Radio-Canada. D'ailleurs, Benoît Archambault imagine très bien une émission de radio issue des Pourquoi, ou de ses suites à venir.

Sur une base folk et pop, la musique prend des accents barber shop dans la chanson thème, emprunte au blues ou au bon vieux rock'n roll d'antan, de même qu'à la chanson pop française, dans un clin d'oeil à Gérard Lenorman dans Une grande chanson. Dans Le mauvais pied, alors qu'on entend son fils cadet clamer que «non, (il) n'est pas fatigué!», on croit reconnaître dans la ritournelle de cirque une parenté avec la jeune chanson française à la Bénabar. Ailleurs, l'influence des Beatles est manifeste. Les mélodies sont soignées. Trompette, banjo, accordéon, contrebasse, mandoline, saxophone, clarinette... On a affaire à de vrais instruments et de vrais musiciens.

Quand il ne travaille pas avec Mes Aïeux - qui répètent ces jours-ci en prévision d'un nouvel album -, ou ne compose pas pour les enfants, Benoît Archambault enseigne la musique dans une école primaire de la couronne nord. C'est d'ailleurs en dirigeant une chorale d'enfants, il y a longtemps, qu'il a compris qu'il avait le tour avec les jeunes et surtout, qu'il avait du plaisir à faire de la musique pour eux. Après chaque répétition, au cours de laquelle il faisait découvrir Vigneault et d'autres grands de la chanson québécoise, il présentait une chanson inspirée du quotidien des enfants. Bien vite, il s'est bâti un répertoire. Il en fait un premier disque, en 2002, puis un spectacle.

À 12 ans, il s'amusait déjà à composer avec son grand frère François (le dramaturge et auteur). Et il était déjà un compositeur-interprète qui courait les concours (Cégeps en spectacle, Granby et Petite-Vallée, qu'il a remporté en 1998), quand il a rejoint le groupe de trad formé par son frère Stéphane.

À moins d'être la coqueluche, les artistes qui choisissent de travailler pour le jeune public ont souvent du mal à retenir l'attention médiatique, constate Benoît Archambault. Il en est bien conscient, mais pas moins excité à l'idée d'entreprendre une nouvelle série de spectacles le 13 mars, à Sainte-Marie de Beauce. À une échelle bien moindre, on s'en doute, que celle à laquelle Mes Aïeux l'ont habitué.





BENOÎT ARCHAMBAULT

LES POURQUOI

DISQUES VICTOIRE, ÉDITIONS S.B.