Malgré ses 53 ans de carrière, 35 albums et ses centaines de chansons, Michel Louvain est resté le chanteur de charme bien vêtu et au regard dévastateur dans les rangs de la gente féminine, la première véritable idole parmi la colonie artistique québécoise.

Son nouvel album, justement intitulé Je n'ai pas changé, est en vente depuis le 8 février. Michel Louvain y reprend des classiques de la chanson française et québécoise, sur des musiques aux rythmes latins.

Bossas-novas et tangos sont donc au rendez-vous, sur des chansons souvent rendues célèbres à travers la voix d'autres interprètes, Fernand Gignac et Julio Iglesias par exemple. Michel Louvain ne réinvente pas la roue et l'admet sans ambages, avec même une certaine fierté. Le chanteur affirme vouloir simplement offrir à ses admiratrices des morceaux qu'elles reconnaîtront et qu'elles apprécient déjà.

D'ailleurs, La Dame en bleu, sa propre chanson-culte, fait une courte apparition dans les dernières minutes de l'album, à la faveur d'un pot-pourri de ses plus grands classiques.

Si aucune tournée n'est prévue pour faire la promotion de l'album, le chanteur de charme intégrera toutefois ces pièces à son tour de chant habituel, aux côtés de celles qu'il a amassées dans son baluchon au fil des ans.

Ces spectacles permettent d'ailleurs à l'interprète originaire de Thetford Mines de rencontrer son public extrêmement fidèle.

«Mon public et moi, nous sommes comme un couple ensemble depuis 53 ans. Et le couple va bien», illustre-t-il.

«Il y a en qui partent. Tout le monde vieillit, moi aussi je vieillis.»

Peu se rappellent qu'en 1959, bien avant que la Beatlemania ne déferle sur l'Amérique, Michel Louvain devait être évacué par le toit du Palais Montcalm de Québec, après un spectacle, tant la foule était survoltée.

Le public se serait toutefois renouvelé, selon le principal intéressé, d'abord par le passage des traditions de mères en filles, mais aussi grâce au documentaire Les Dames en bleu, sorti sur les écrans en 2009.

Avec la bénédiction de sa veuve, Fernand Gignac s'est vu emprunter Donnez-moi des roses par M. Louvain. Son arrangeur, Daniel Piché, a endiablé le rythme de la ballade romantique bien connue.

«J'espère que Fernand ne m'en veut pas», dit l'interprète.

De Jean Ferrat, décédé il y a moins d'un an, il reprend «On ne voit pas le temps passé», sur les affres de la vieillesse à deux.

M. Louvain plaide d'ailleurs coupable à la présence d'une certaine nostalgie du temps passé sur cet opus. Il s'agit de chansons d'amour, certes, mais d'un amour qu'on se remémore souvent à l'imparfait. Certaines pièces abordent aussi le thème du temps qui passe sans jamais vouloir ralentir.

Mais celui qui a chanté la pomme à plus d'une génération de Québécoises promet, sourire en coin, de ne pas s'arrêter. Après 53 ans de carrière, on peut facilement croire que son dernier souffle servira à pousser les notes finales d'une chanson d'amour.