Vendredi et samedi, l'Upstairs accueille la formation new-yorkaise The Story, découverte de premier plan sur la planète jazz.

«Chaque membre de ce groupe a grandi en écoutant différent genres de musiques, bien au-delà du jazz. De toute évidence, cela a marqué nos compositions. Le saxophoniste Lars Dietrich, par exemple, est un grand fan de musique électronique, dont il fait usage pour ses projets solos. Vous avez repéré du minimalisme américain dans nos thèmes? C'est vrai. Et il y a plus encore. Vous savez, la musique novatrice d'aujourd'hui doit être absorbée par les musiciens de jazz, qu'importe le genre», fait valoir Zack Lober, originaire de la région montréalaise.

Établi à New York depuis cinq ans, actif dans plusieurs alignements de la mégapole, le contrebassiste considère The Story comme le véhicule principal de son expression. Et pour cause. La cohésion de cet ensemble et la modernité criante de son écriture convergent au sein d'expressions individuelles clairement virtuoses.

The Story demeure néanmoins ancré dans l'expression jazzistique, ce que corrobore Zack Lober.

«C'est juste. L'interaction spontanée et l'improvisation sont au coeur de notre travail. Nous jouons aussi des instruments acoustiques associés traditionnellement au jazz. Nous avons tous reçu une solide éducation à ce titre. Nous connaissons et aimons cette forme jazz qui est le fondement de notre musique, à tout le moins son point de départ.»

«Le moyen d'expression change, bien sûr, poursuit-il. Nous n'évoluons pas vraiment dans le swing ou ne misons pas sur une extrapolation de la forme chanson comme l'a fait longtemps le jazz moderne. Nous essayons de voir plus loin à travers le patrimoine en y intégrant tout ce que nous pouvons absorber de neuf. Nous n'essayons pas de faire différent, remarquez. Nous faisons ce qui nous semble concluant. Ce qui nous touche. Ce qui nous intéresse sincèrement.»

Un album autoproduit (sans titre) de The Story a été créé il y a deux ans, un autre sera bientôt enregistré sans le soutien de quelque label - on peut néanmoins trouver la musique de The Story sur des plateformes légales à commencer par iTunes. Or c'est via YouTube et MySpace que plusieurs fans montréalais l'ont débusquée... après que ses membres montréalais en eurent suggéré les hyperliens auprès d'étudiants en musique dans cette île qui ont relayé leur découverte dans les médias sociaux. Si le groupe peut compter sur une interview dans La Presse et que l'Upstairs sera possiblement rempli ce week-end, ce sera la conséquence d'un marketing authentiquement viral.

Pour la plupart résidants de Brooklyn, aucun membre de The Story n'est d'origine new-yorkaise: le saxophoniste (alto) Lars Dietrich vient d'Amsterdam, le saxophoniste (ténor) Samir Zarif est de Houston, le pianiste John Escreet (qu'on a chaudement applaudi l'automne dernier) est de Doncaster (Angleterre), Zack Lober et le batteur Greg Ritchie (anciennement dans le groupe de François Bourassa) ont vécu à Montréal.

Notre interviewé résume la motivation de cette migration:

«Personne ne s'installe à New York pour n'y travailler que localement. On peut le faire dans sa ville natale et y être mieux payé! Or, si on veux se brancher à des musiciens qui nous propulseront vers l'avant et rayonneront via des réseaux internationaux, s'installer à New York est tout indiqué. Depuis que The Story existe, nous avons joué régulièrement à l'étranger. Et... notre passage à Montréal ne devient-il pas alors un événement spécial?»

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