Igloofest présente une première montréalaise de taille jeudi prochain: la performance du vétéran producteur londonien Terror Danjah, artiste de l'ombre qui récolte aujourd'hui le fruit de son brillant travail: son premier album Undeniable, paru sur le label Hyperdub (Kode 9, Burial, Ikonika). Ça va chauffer sur les quais!

Ce sera une soirée de découvertes pour les danseurs de l'Igloofest, avec une affiche n'ayant de nom connu que Kid Sister (la copine de A-Track). À l'affiche: Marc Rémillard, DJ et producteur originaire de Québec, l'Américain Eskmo, nouvelle recrue du label Ninja Tune, et la «Terror», musicien à la mi-trentaine qui compte une douzaine d'années d'expérience sur la scène électronique anglaise. Ce n'est pas trop tôt pour enfin prendre la pleine mesure de son talent.

En vue de sa première tournée nord-américaine en carrière, Terror Danjah - son vrai nom demeure un mystère, hormis pour ses proches - met déjà à l'épreuve son endurance aux conditions climatiques extrêmes. «It's freezing here!» dit-il, assis dans une voiture surfant entre les bancs de neige, un phénomène rare à Londres.

- Vous savez qu'à Montréal, vous devrez jouer devant des danseurs en habit de neige?

- Oui - et j'ai hâte! Je suis totalement fébrile à l'idée de faire une tournée au Canada et aux États-Unis.

On le comprend. Pendant 10 ans, Terror Danjah est resté dans l'ombre des figures de proue du grime, ce genre musical considéré comme la réaction britannique au hip-hop américain. «C'était dans la nature de la scène, explique-t-il. Les producteurs faisaient moins parler d'eux que les MC.»

Or, Danjah est un pionnier du grime depuis les débuts de ce genre, à la fin du siècle dernier. Les beats de ce producteur, qui a débuté dans le métier comme DJ jungle et drum&bass, sont légendaires.

«J'ai pris mon temps avant de lancer un premier disque, mais lorsque Kode 9 m'a offert d'en lancer un sur son label, ça y était. Hyperdub a un prestige, bâti au cours des dernières années avec les sorties de Burial, King Midas Sound, Darkstar, des artistes aux directions musicales très variées. C'est un des meilleurs labels dance au monde.»

Kode 9 jouait les productions de Danjah depuis des années. Ces beats classiques ont d'abord été compilés sur l'album Gremlins (la signature sonore de Danjah est un éclat de rire sinistre apparemment échantillonné dudit film). Après quoi, Danjah a offert deux autres compilations, gratuitement téléchargeables (appelées les «ZipFiles»), qui ont prouvé à ceux qui en doutaient encore le talent du musicien.

Son génie? L'art de dissimuler des structures rythmiques complexes derrière un groove et une énergie à tout casser. Un melting-pot de house, de garage, de hip-hop, de jungle et de dubstep. Un son, une manière, une signature affirmée. Terror Danjah incarne tout ce qui bouillonne dans l'underground londonien, une scène musicale qui a retrouvé sa pertinence et son dynamisme depuis trois ou quatre ans, où tous ces genres et sous-genres sus-mentionnés entrent en collision pour propulser la musique dans toutes les directions.

«Sur cet album, je voulais montrer que mon travail, ainsi que celui des autres artisans de la scène grime, ne se limite pas à huit mesures qui tournent en boucle. Un producteur grime peut être aussi bon, aussi inventif, que les meilleurs producteurs électroniques au monde. Et je voulais prouver que tout ça peut donner un album solide.» Mission accomplie.

D'ici à ce que Terror Danjah s'empare des platines de l'igloo du Vieux-Port, nous vous invitons à télécharger l'excellent podcast mixé par le gaillard il y a deux mois, sur le site xlr8r.com

Terror Danjah se produira à l'Igloofest, sur la scène principale, le 20 janvier, à 21h45.