Formé de la chanteuse d'origine péruvienne Sylvana Kane, du guitariste et multi-instrumentiste Adam Popowitz et du bassiste Toby Peter, le groupe Pacifika amorce sa nouvelle tournée à l'Astral, jeudi prochain.

Supermagique, le nouvel album de Pacifika lancé à la fin de 2010, est devenu une priorité au chapitre des musiques du répertoire iTunes aux États-Unis. Ce choix des gestionnaires de la célèbre boutique virtuelle n'est pas sans réjouir les membres du trio canadien.

«C'est pour nous une véritable bénédiction!» s'exclame Sylvana Kane, jointe à son domicile de Port Moody, situé au fond d'une baie, à quelques dizaines de kilomètres de Vancouver.

Pacifika renvoie au principe féminin de la paix ainsi qu'à l'océan que jouxtent les membres du trio. Toby et Sylvana forment un couple, Adam est un ami de la chanteuse depuis l'adolescence et un voisin chez qui prend forme la musique de Pacifika.

«Nous vivons dans les bois, c'est un choix de vie. Nous y travaillons, mangeons, dormons», résume notre interviewée qui n'a pourtant rien d'une hippie.

Au bout du fil, elle ménage pas les efforts pour s'exprimer en français: «Nous avons été si bien reçus par les francophones du Canada, nous leur sommes très reconnaissants pour leur soutien à notre démarrage.»

Le service français de la Société Radio-Canada, faut-il ajouter, avait choisi Pacifika parmi ses révélations il y a deux ans. «Nous avons été très touchés par l'intérêt que nous a porté la SRC», de renchérir la chanteuse. Depuis la sortie de l'album Asuncion en 2008, Pacifika est sur une lancée professionnelle qui pourrait déborder du continent.

«Jusqu'à maintenant, nous avons joué exclusivement en Amérique du Nord. Or, cette fois, le nouvel album sera lancé en Europe. Nous aimerions y jouer, tout comme en Amérique du Sud. Mais nous devons commencer par les territoires conquis: d'abord plusieurs dates au Québec, suivi de l'Ontario, après quoi nous rentrerons chez nous pour relancer la tournée.»

Processus créatif

Comment qualifier la progression de la jeune formation en studio?

«Notre processus créatif a été le même pour Supermagique que pour Asuncion. Nous nous asseyons en studio, démarrons le magnétophone, enregistrons ce que nous improvisons, puis écoutons. Nous mettons ensuite l'emphase sur les meilleurs éléments improvisés. De fil en aiguille, les chansons prennent forme.»

D'après Sylvana Kane, le processus créatif de Pacifika s'est précisé au fil du temps, raffinement supplémentaire à la clé.

«Supermagique a plus de profondeur que l'album précédent. Plus on l'écoute, plus d'autres détails surgissent. La relation des membres du groupe a gagné en maturité, nous nous connaissons mieux, et j'ose croire que nous sommes devenus de meilleurs musiciens. Nous avons moins peur du risque, nos sons sont plus expérimentaux. Nous avons aussi pris soin de laisser respirer la musique. Et il y a plus d'étincelles au programme!»

Supermagique est le titre d'un album trilingue, mais surtout interprété en anglais et en espagnol, malgré les quelques rimes françaises qui y figurent et malgré le choix francophile de son titre.

«Je ressens beaucoup d'affinités avec la langue française, son élégance, sa passion, estime la chanteuse. Cela dit, nous avons tous trois des racines culturelles différentes et des bagages musicaux qui nous sont propres, ce qui confère une vraie diversité à nos chansons.»

À savoir si Pacifika fait dans les «musiques du monde», comme le veut bien iTunes, Sylvana Kane semble s'accommoder de l'étiquette sans trop y croire.

«Vous savez, on veut tout catégoriser en ce bas monde. Je préfère que les gens se fassent eux-mêmes une idée de la nature de notre travail. Quant à l'industrie de la musique, je crois qu'elle nous catégorise world parce que nous ne faisons pas dans le top 40 et que nous ne nous exprimons pas qu'en anglais. Nos albums ne sont ni jazz ni folkloriques ni folk. Et notre musique n'a souvent rien à voir avec le mainstream

En fait, Pacifika s'avère un groupe pop plus ou moins centriste, avec une légère tendance à gauche. Et qui n'hésite pas à piger dans le classic rock, comme en témoigne la reprise cyberfolk de 25 or 6 to 4, un vieux tube du groupe Chicago. Qui plus est, les vidéoclips de Pacifika procèdent de la pure séduction pop. Inutile d'ajouter que la beauté spectaculaire de Sylvana Kane y est mise de l'avant. Pas à peu près! Qu'en pense la principale intéressée?

«Je suis à un stade de ma vie où je suis très à l'aise avec moi-même, heureuse d'être arrivée à maturité. Sans nous prendre trop au sérieux, nous avons du plaisir à mettre l'accent sur notre sensualité et la sensualité de notre musique. C'est surtout ludique, vous savez. Et nous cherchons à suggérer de belles images que réalise notre ami Doug Thompson. Vous savez, les hommes avec qui je travaille, c'est ma famille!»

Pacifika se produit à l'Astral, le jeudi 20 janvier, à 20h30.