Les longs montages de succès radiophoniques anglophones sont une stratégie utilisée par 11 stations de radio commerciales pour contourner les quotas de musique francophone, dénonce l'ADISQ dans une plainte déposée au CRTC, avant-hier.

Selon l'ADISQ, certaines stations de radio mettent moins de 30% de musique francophone en heure de grande écoute, alors que le quota exigé par la loi est de 55%.

«C'est catastrophique comme impact sur le rayonnement de la musique francophone», déplore Solange Drouin, directrice générale de l'ADISQ.

À Montréal, CKOI, propriété de Corus jusqu'à tout récemment, et CKMF, propriété d'Astral, sont visées par la plainte. Des stations de Drummondville, Trois-Rivières et Gatineau sont également montrées du doigt, mais ce sont deux stations de Québec, CKOI Québec et Radio X2, qui sont les plus délinquantes, selon l'ADISQ. Ces deux stations diffusent de longs montages de succès anglophones, qui sont comptabilisés comme une seule chanson.

«À l'origine, le but du montage était d'introduire de nouveaux artistes. Là, on s'aperçoit que des stations mettent bout à bout trois ou quatre chansons presque dans leur intégralité, et que l'on considère cela comme une chanson, explique Solange Drouin. On contourne les quotas, c'est une farce!» lance-t-elle.

Cette pratique remonte à plusieurs années et le CRTC est au courant, fait valoir de son côté Mario Cecchini, vice-président de Corus Québec (qui vient de vendre ses stations de radio du Québec à Cogeco). «Nous avons renouvelé 10 licences en 2009 sans aucune anicroche, dit-il. Et quand le CRTC renouvelle une licence, il écoute le produit.»

«On respecte les règles établies par le CRTC», renchérit Pierre Boisseau, vice-président adjoint aux communications corporatives chez Astral. «Les montages, c'est permis et prévu dans les règles établies.»

Il y a longtemps que l'ADISQ mène une bataille contre les montages musicaux. À de nombreuses reprises, Solange Drouin s'est assise avec les propriétaires des stations de radio pour tenter de faire changer les choses, en vain. «Ils me disent: on va arrêter quand notre compétiteur va arrêter.»

Mais Mme Drouin ne baisse pas les bras. «Nous sommes optimistes. C'est une situation que le CRTC ne peut plus tolérer.»