Christoph Hagel présente, pour la première fois en Amérique du Nord, le spectacle Red Bull Flying Bach, dans le cadre du Festival Bach. Il s'agit d'une adaptation des douze premiers préludes et fugues du Clavier bien tempéré, avec piano, clavecin, musique électronique, effets visuels et sept virtuoses du breakdance. Le tout dans une église!

La production a été présentée pour la première fois à Berlin, au printemps dernier, dans une grande galerie d'art, attirant un public très diversifié. Public qui a été conquis, soutient Christoph Hagel, contacté cette semaine par La Presse.

Le musicien n'en est pas à sa première expérimentation iconoclaste avec un grand compositeur. Auparavant, il a déjà présenté, entre autres, La flûte enchantée de Mozart dans une station de métro de Berlin avec des skaters, des vidéoclips et un chanteur rock!

L'idée de combiner le breakdance à de la musique classique lui est venue en assistant à un spectacle des Flying Steps, compagnie de B-Boys berlinoise couronnée plusieurs fois championne du monde au cours de compétitions consacrées à cette forme de danse urbaine.

«J'ai trouvé qu'ils menaient leur spectacle d'une façon incroyablement artistique, dit Christoph Hagel, et cela m'a donné envie de travailler avec eux.»

Mais il fallait d'abord trouver, parmi tout le répertoire classique, quelle musique conviendrait le mieux à ce type de danse.

«La musique de Bach, en particulier sa musique profane, était celle qui s'y prêtait le mieux, parce qu'elle se marie bien à la netteté et à la clarté absolue de leurs mouvements, dit-il. Ces danseurs sont capables de danser sur de très petites structures et de très petits motifs. Ils peuvent même danser sur une seule note! Cela rejoint le côté structuraliste de Bach.»

Après avoir arrêté son choix, le producteur avait un autre défi à relever: faire comprendre aux danseurs les grands principes de la musique baroque. Les rencontres et les répétitions ont duré presque deux mois.

«La façon dont ils ont appris et ont transposé cette compréhension à leur danse m'a fasciné, dit-il. Ils n'ont pas de formation classique, mais ils comprennent très bien, à leur façon, sur quoi ils dansent, et leur manière d'entrer en contact avec cette musique est incroyable.»

Attirer un nouveau public

Pour Christoph Hagel, il ne fait pas de doute que les productions fusionnant la musique classique et les arts du XXIe siècle joueront un rôle important dans l'avenir en permettant d'attirer un public plus jeune.

Conviction que partage Alexandra Scheibler, directrice artistique du Festival Bach. La présentation d'un spectacle aussi peu conventionnel est d'ailleurs une première pour le Festival.

«Nous cherchons des façons d'attirer un public plus jeune, ainsi que des gens qui commencent à s'intéresser à la musique classique et à Bach, mais qui n'osent pas venir à un concert traditionnel, dit Alexandra Scheibler. Il est possible que ce spectacle n'attire pas les puristes, mais de façon générale, nous avons jusqu'à maintenant des commentaires très positifs de nos habitués.»

Des écoles ont manifesté le désir d'amener leurs élèves au spectacle, ainsi que des parents. «Ils trouvent que c'est une excellente occasion d'exposer les enfants à Bach pour qu'ils constatent que ce n'est pas quelque chose de réservé aux gens ayant des cheveux gris, mais qui peut aussi être très amusant, dit-elle. La musique de Bach est intemporelle, et il faut trouver des façons de la transmettre à la prochaine génération.»

Red Bull Flying Bach, St. James United Church, les 28, 29 et 30 novembre à 19h30.