«La table était mise», soufflait Alain Chartrand, grand manitou du Coup de coeur francophone, après la seconde belle impression qu'a laissée sur scène le groupe bruxellois BaliMurphy, gagnant du prix Rapsat-Lelièvre. Mercredi soir, le Club Soda bondé concluait fort bien la semaine de Bernard Adamus.

«On nous donne une chanson de plus, mais on voudrait en faire deux!» a dit le chanteur et guitariste Cédric Van Caillie, après avoir gesticulé à quelqu'un dans les coulisses. Transpirant sous sa casquette, le Belge et ses collègues de BaliMurphy se sentaient sur une lancée: un swing tzigane n'attendait pas l'autre en cette fin de performance. À chaque chanson, on pouvait mesurer la température qui grimpait au parterre.

Le public a été chic avec les Européens. Clairement, on était venu pour la révélation de l'année du récent gala de l'ADISQ, mais quand même arrivé assez tôt pour voir de quoi il en retournait de cet autre groupe récemment récompensé.

Beaucoup plus énergique sur scène que sur disque, BaliMurphy. Et moins dans les traces de Louise Attaque, la comparaison qui saute aux oreilles à l'écoute de Poussières, son plus récent album. Batterie et percussion, violon, accordéon, contrebasse, trombone, guitares, la lutherie des groupes de partys gitans, qui poussent leurs airs de danse avec des mots mélancoliques. La qualité des textes confirme le choix du jury du prix du disque Rapsat-Lelièvre, mais la scène gagne la faveur du public - on souhaite le même privilège au groupe rock wallon Été'67, qui ouvrira ce soir pour Sunny Duval, au Lion d'or.

Bernard Adamus a donc hérité d'une foule bien réchauffée lorsqu'il est monté sur scène avec son big band blues. Bien qu'assis sagement sur sa chaise, l'auteur, compositeur et interprète en impose sur scène, les arrangements donnant un peu de ressort à ces chansons touchantes ou drôles - à ce propos, nous aurions aimé entendre plus clairement la voix d'Adamus, souvent enfouie sous les cuivres.

Il a fait un petit clin d'oeil à la foule concernant son Félix, seulement pour la remercier brièvement avant de rebrasser les chansons de Brun et cette poignée d'inédites qu'on espère sur son prochain disque.

Damien était nu!

On file ensuite vers le Cabaret du musée Juste pour rire, histoire d'attraper un autre récompensé du gala de l'ADISQ, Damien Robitaille. Son prix? Scripteur de spectacle de l'année. Le seul, quel dommage! L'intéressé n'a pas paru démonté, blaguant même à propos de ses récents honneurs au fur et à mesure que sa performance solo prenait d'abscons et absurdes détours...

Débarrassé de son orchestre, Damien s'est affairé au piano et à la guitare pour divertir la salle bien remplie. Il n'est pas resté seul jusqu'à la fin, puisque ce concert du Coup de coeur fut prétexte à de loufoques retrouvailles - à commencer par Gaële, venue chanter une inédite en sa compagnie.

Et quelle inédite! Le titre: Une minute, composée à quatre mains et offerte à nulle autre que la vénérable Line Renaud, star du music-hall parisien, comédienne et interprète, qui lançait cette semaine un nouvel album (Rue Washington) auquel participent aussi Grand Corps Malade, Julien Clerc, Christophe Maé, Mylène Farmer et Johnny Halliday. Damien et Gaële qui fraient avec la crème de la variété française, rien que ça!

Affable et toujours comique, Damien a ensuite convoqué son bassiste Guillaume Chartrain, qui faisait mine d'être son plus grand fan criant au centre du parterre. Plus tard, c'est le Français Nicolas Jules qui le rejoint. Soirée décontractée avec un Robitaille tout nu sans son groupe, mais encore plus sincère et spontané lorsqu'en tête à tête avec ses fans.