Dans le cadre de Coup de coeur francophone est présenté le documentaire Face au mur, réalisé par Yuani Fragata de Bande à part, ce soir au Divan Orange. À quel mur fait-il référence? Au mur de son du Lac-Saint-Jean.

Fragata voulait percer le mystère du rock jeannois, «un rock sale, dans ta face, en français, qui fonctionne». Sans voler le punch de son très intéressant moyen métrage, dans lequel sont interviewés notamment Fred Fortin, Dany Placard, Olivier Langevin, Les Dales Hawerchuk, Pierre Girard et Jocelyn Tellier, disons que le joual et l'accent du Lac y sont pour beaucoup, de même que l'influence de Fred Fortin.

Nous avons pris comme prétexte le documentaire Face au mur pour nous intéresser aux tentacules du son du Lac-Saint-Jean, à travers le travail d'Olivier Langevin, chanteur du groupe Galaxie 500, mais aussi réalisateur d'albums, que ce soit pour Mara Tremblay et Vincent Vallières.

Selon plusieurs collègues, Langevin n'est rien de moins que le meilleur guitariste du Québec. «Comme Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan, Langevin est plogué sur autre chose, indique Yuani Fragata. Il transcende son instrument. Dans 20 ans, ce sera le plus grand guitariste de sa génération.»

Cette remarque suscite un rire gêné chez le principal intéressé, qui a commencé à jouer de la guitare vers l'âge de 13 ans, alors qu'il jouait déjà du piano. «Mon père était bien content que je me mette à la guitare, car il espérait que ça m'enlève l'idée de faire du motocross», raconte Langevin, dont Hendrix était l'idole de jeunesse.

Il est débarqué à Montréal à 16 ans et, après un an au cégep Saint-Laurent, il est passé de la théorie à la pratique pour partir en tournée avec Fred Fortin.

Les années ont passé et Langevin a fondé le groupe Galaxie 500 (nous y reviendrons). Entre-temps, Mara Tremblay lui a fait confiance pour coréaliser son premier album. «Elle voulait quelque chose de différent, raconte Langevin. Je me suis découvert une passion pour la réalisation. Le réalisateur aide l'artiste pris dans ses chansons à prendre du recul avec un angle plus général. Souvent, nous ne sommes pas les meilleurs juges pour nous-mêmes.»

«Il y a des réalisateurs qui sont plus ingénieurs, explique-t-il. Moi, je suis plus axé sur l'ambiance et sur les arrangements.»

Avec Mara Tremblay, son approche est différente d'un disque à l'autre, car, habituellement, «tu es mieux de changer de réalisateur pour ne pas te répéter», dit-il en riant.

Dans la genèse de son album Tu m'intimides, Mara Tremblay a envoyé des chansons piano-voix à Langevin en lui demandant de «sortir de tout ça».

Les deux complices se sont aussi fixé des contraintes: pas de cymbale, pas plus de trois instruments par couplet, peu de guitare électrique et presque pas de violon. Le but? «Que ça éclate ailleurs, car sinon, tu revires dans les mêmes affaires», résume Langevin avec son accent du Lac.

Pour la chanson Le printemps des amants, par exemple, dont les claviers sont un tour de force, Mara Tremblay a fait parvenir à Langevin un démo qui faisait très Harvest de Neil Young. Fascinant de voir comment la chanson a abouti.

Pour l'album Le monde tourne fort de Vincent Vallières, la démarche a été différente: Langevin a plutôt misé sur l'authenticité, le naturel et le coup de guitare du chanteur.

Et en quoi Langevin le réalisateur aide Langevin le musicien? «Faire des affaires avec les autres, ça me sort de moi-même. Sinon, tu viens juste à penser à tes affaires.»

Quand nous avons rencontré Langevin, la semaine dernière, c'était trois jours après qu'il eut été le chef d'orchestre de L'autre gala de l'ADISQ.

Sinon, bonne nouvelle, Langevin met la touche finale au nouvel album de Galaxie 500 en vue de sa sortie en février. Pierre Girard - qui mixe l'album avec Langevin - vient d'avoir un enfant, ce qui permet au groupe de prendre une pause et du recul. «J'ai mis ça sur le dos du bébé», blague Langevin.

Galaxie 500, complété par Pierre Fortin (Les Dales Hawerchuk) à la batterie et Frank Lafontaine (Karkwa) aux claviers, nous réserve un rock «pensé pour la scène», toujours pesant mais plus minimaliste, avec une choriste, Audrey-Michèle Simard. Fred Fortin ne joue pas sur le disque, mais il sera de la tournée avec ses amis.

En attendant la sortie de son album très attendu, Galaxie 500 doit décider ce qui adviendra du nom de son groupe, puisqu'un band de Boston qui partage le même nom lui a envoyé une mise en demeure lors de sa dernière tournée en Europe en 2005.

Langevin est un grand instrumentiste, voire un guitar hero. «Mais j'aime plus la composition que de pratiquer et travailler l'instrument», dit-il.

En tout cas, c'est beaucoup grâce à lui et Fred Fortin que le son du Lac étend ses tentacules.

Vous pouvez voir le documentaire Face au mur ce soir au Divan Orange dans le cadre d'un 5 à 7 ou en ligne au www.bandeapart.fm/face-au-mur

Suggestion de la semaine



The Love Language

Arcade Fire en plus joyeux ou les Beatles de l'époque I Want to Hold Your Hands, avec une touche psychédélique et un son lo-fi: on peut décrire ainsi les chansons du groupe de la Caroline-du-Nord, sous contrat avec Merge Record. La formation ensoleillera vos matins gris de novembre. www.myspace.com/thelovelanguage

Sorties de la semaine



> Album éponyme de Panache

> Noël chez moi d'Annie Villeneuve

> Some Kind of Trouble de James Blunt

> Nougaro ou l'espérance en l'homme de Maurane

> Maybe Next Year Live de Milow

> The Gift de Susan Boyle

> The Lady Killer de Cee-Lo Green

> Silver Pony de Cassandra Wilson

> Rock Dust Light Star de Jamiroquai

> Man on the Moon 2 de Kid Cudi