La pop belge francophone a bonne mine. Avec Saule, Coco Royal, Suarez, Baloji et Été 67, le groupe BaliMurphy, Coup de coeur de l'Académie Charles-Cros et lauréat du prix Rapsat-Lelièvre en 2010, compte parmi les beaux succès des derniers mois, en partie grâce à son album Poussière.

Dix ans de labeur pour enfin récolter le succès: BaliMurphy, vétéran de la scène chanson/pop bruxelloise, a offert en 2008 un album contrasté, habilement écrit. Des rimes inspirées cernant des thèmes juste assez originaux pour élever le groupe au-dessus de la masse des artisans de la chanson française.

Poussière donne à entendre la double identité musicale de BaliMurphy: rock moderne sur ses meilleurs moments, folk-rock gitan, façon Louise Attaque, sur ses airs de déjà-vu...

«Les Têtes Raides, que j'écoute depuis que j'ai 15 ans, nous inspirent», indique le guitariste et compositeur François Delvoye. «Leurs arrangements, leur richesse orchestrale, celle de leurs textes, leur manière de passer du rock à la musique plus folk, ça nous nourrit depuis longtemps. Beaucoup plus que Louise Attaque, qu'on n'a jamais vraiment écouté. Je comprends toutefois qu'on nous y compare, à cause du violon et du timbre de voix de Cédric.»

BaliMurphy appartient à la tribu chanson-gypsy des La Rue Kétanou, Debout sur le zinc, Tryo. La démarche leur réussit: applaudi aux Octaves de la musique (l'équivalent belge du gala de l'ADISQ), le groupe perce, lentement mais sûrement en France, grâce à leurs concerts dont on vante d'énergie festive: «On fait des salles comme l'Européenne ou Les Trois Beaudets, très importantes pour nous et qui s'imprègnent bien de la tradition de la chanson française comme on l'aime.»

Les jurés des prix Rapsat-Lelièvre et de l'Académie Charles-Cros n'ont pas été myopes. Si la facture musicale n'est pas des plus modernes, la mélodie et le texte y sont brillants - une chanson comme Plus belle sans moi, chant d'amour aigre-doux, vaut à elle seule une médaille. Tout à coup, on comprend mieux le lien avec la tradition gitane: «Dire des choses dures, parce que la vie n'est pas facile - la métaphore de Poussière n'est pas là pour rien! -, sur des musiques enlevantes, parce que ça permet d'enlever la pression. C'est le bonheur de Brel qui chante des chansons super tristes avec une banane, le sourire éclatant!»

Dix ans, c'est long avant d'être reconnu pour son travail, mais avec une telle attitude...

Pour BaliMurphy, le prix Rapsat-Lelièvre - remis en alternance aux artistes québécois et belges - est une sorte de consécration, et une source de motivation pour le prochain album, prévu en 2011.

«Sans snober l'importance des prix, on ne s'attarde pas à ça, nuance Delvoye. Mais soyons clair: le prix Rapsat-Lelièvre a fait beaucoup de bruit en Belgique. Il nous a donné une grande visibilité chez nous. On lui doit notre tournée au Canada.»

Cinq concerts au Québec sont annoncés pour BaliMurphy - un nom référant à un quartier de Belfast et au massacre qui s'y déroula dans les années 70 -, remarqué sur une scène extérieure des FrancoFolies l'été dernier. À découvrir mercredi, avec Bernard Adamus, au Club Soda.