Pour les amateurs de guitare électrique, c'est ni plus ni moins que le spectacle de l'année. Imaginez. Steve Vai, Jonny Lang, Kenny Wayne Sheperd, Ernie Isley, le groupe Living Colour et deux gars de Los Lobos réunis sur une même scène pour jouer la musique de Jimi Hendrix. Comme concert hommage, on a déjà vu plus cheap.

De quoi parle-t-on? Mais du spectacle Experience Hendrix, qui s'arrête à Montréal ce soir à la Place des Arts. Cette grande visite, qui surgit alors qu'on souligne les 40 ans de la mort du guitariste, a tous les airs d'un événement. Non seulement y trouvera-t-on plusieurs pointures du rock, du blues et du soul, mais ce sera le dernier comparse vivant de Hendrix, Billy Cox lui-même, qui tiendra la basse sur scène. Sans doute faut-il y voir un gage de crédibilité.

En entrevue, Cox lui-même se fait très convaincant à propos de cette tournée. «Il n'y aura pas de lipsynch, tout sera joué live, lance le musicien, qui nous appelle de chez lui, à Nashville au Tennessee. Ce sera le pur esprit de Jimi Hendrix.»

Billy Cox, 69 ans, a connu Hendrix au début des années 60, quand ils étaient tous les deux dans l'armée. Il l'a retrouvé sur scène en 1969 avec le groupe Band of Gypsys, la plus soul-groove des incarnations hendrixiennes. En plus de se produire à Woodstock et au festival de l'Isle of Wight, ce power trio entièrement noir (aussi Buddy Miles à la batterie) a gravé l'excellent album portant son nom (Band of Gypsys) et les chansons parues plus tard sur First Rays of the Rising Sun, album qui était en chantier quand Hendrix est mort. Travailler avec Jimi? Une partie de plaisir, prêche-t-il aujourd'hui. «Jimi n'avait rien d'un dictateur. Il savait clairement ce qu'il voulait. Mais il nous laissait libres de nous exprimer. Il n'était pas fermé à nos contributions.»

Après la mort de Hendrix en septembre 1970, Cox s'est recyclé en mercenaire du rock. Mais il n'a jamais cessé de promouvoir la musique et la philosophie du flamboyant guitariste, formant même son propre groupe hommage, le Gypsy Sun Experience, avec Mitch Mitchell, ancien batteur du Jimi Hendrix Experience. Les deux lascars ont fait un bout de chemin ensemble, jusqu'au décès de Mitchell en 2008. Une perte immense pour Cox, qui dit n'avoir «jamais vraiment réussi à remplir le vide».

S'autoproclamant désormais «the last Gypsy standing» (le dernier Gypsy debout), Billy Cox a rejoint le spectacle Experience Hendrix en 1993, à la demande de Janie, soeur de Jimi. Il a, depuis, clairement remarqué un regain d'intérêt pour la musique du «maître». «Avant, on faisait trois ou quatre spectacles par année, dit-il. Maintenant, c'est presque 30 dates. Je ne suis pas surpris. Une nouvelle génération est en train de redécouvrir son oeuvre. Cela prouve que sa musique ne mourra jamais. Comme Mozart et Handel, on parlera encore de lui dans 400 ans!»

EXPERIENCE HENDRIX, ce soir, 20h, à la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA. Infos: www.experiencehendrixtour.com