«Tu ne ressembles à aucune autre», a lancé avec enthousiasme Laurence Jalbert à Annie Blanchard tout juste avant que les deux femmes ne chantent en duo Marcher vers le Nord, lors de la première du spectacle de la blonde Annie, hier, dans l'intime et chaleureux Studio-Théâtre de la PDA.

Et Laurence Jalbert a tout à fait raison: Annie Blanchard ne ressemble qu'à elle-même et ça tombe bien, c'est délicieusement charmant, ce qu'elle est. Ça fait terriblement cliché, je le sais, mais cette fille a des étoiles dans les yeux et la voix, et ces étoiles sont contagieuses, si je puis dire. Pas sûre de l'image, mais vous devriez comprendre l'idée...

Ce n'était pas un hasard, d'ailleurs, si on a pu la découvrir ainsi au Studio-Théâtre, là même où Isabelle Boulay et Marie-Jo Thério nous ont révélé pour la première fois tout ce qu'elles pouvaient nous donner. C'est exactement hier ce qui est arrivé à Annie Blanchard, où un public qui ne lui était pas vendu est tombé sous le charme de la jeune femme. En plein milieu urbain, elle était comme une petite oasis de folk, de country-rock, de simplicité aussi, où elle parlait notamment de ses proches en les chantant, que ce soit sa grand-mère «prisonnière de l'oubli» (elle souffre d'Alzheimer) et de son amoureux (qui est le même depuis 11 ans!), de son enfance ou de son amour de la musique. Comment dire? Elle est belle et saine comme une pêche, Annie Blanchard, et en plein coeur de la ville, elle faisait du bien. On était loin de Star Académie, on était près du feu de camp ou du rivage.

En fait, si elle était américaine ou de l'ouest du Canada, Annie Blanchard serait certainement une vedette du nouveau country, avec sa grâce, sa chaleur, sa belle voix bien à elle, cette espèce de lumière qui semble émaner de sa peau même, son aisance sur scène, son naturel désarmant, cette façon qu'elle a de chanter le country-folk - mais aussi de reprendre Ironic d'Alanis Morissette ou Insensitive de Jann Arden, sans oublier Évangéline! Notre chance, c'est que la très jolie Annie est du Nouveau-Brunswick et qu'elle se soit installée au Québec. Mon voisin de siège le faisait très justement remarquer: elle a quelque chose d'Emmylou Harris, qui touche et fait sourire tout seul, et en français!

Elle-même à la guitare, Annie Blanchard est accompagnée de trois jeunes musiciens avec qui elle entretient une réelle connivence (Jean-Philippe Lagueux aux claviers, guitares et direction musicale, Louis-Philippe Quesnel à la basse et Pascal Racine-Venne à la batterie et aux percussions). Sur disque, toutes ses chansons n'étaient pas d'égale valeur, mais sur scène, certaines prenaient leur envol, comme Sauver l'amour. D'autres, déjà fortes en soi, telles Il était là, Je suis bien ici ou T'es tout ce que j'ai étaient juste plus agréables à entendre et surtout à regarder chanter par cette jeune femme à l'accent délicieusement acadien.

Certes, elle devrait travailler encore sa diction, construire encore plus son répertoire, apprendre à contrôler mieux sa nervosité (quoique ce n'est certainement pas évident, reprendre Je m'en vais à Londres à deux pieds de Renée Martel elle-même, présente à cette première!). Mais franchement, l'essentiel était là: Annie Blanchard ne ressemble à personne d'autre, c'est pour ça qu'elle a sa place. Et des étoiles dans les yeux et la voix.