Les médias montréalais ont visité le chantier de l'Adresse symphonique ce mercredi, dans le centre-ville, pour constater l'avancement des travaux: la salle de l'Orchestre symphonique de Montréal sera prête pour son concert d'ouverture début septembre 2011.

La visite a débuté en face de l'entrée du siège social de la police de Montréal, rue Saint-Urbain, entre Sainte-Catherine Ouest et de Maisonneuve. Il s'agira d'une des trois entrées de l'Adresse symphonique. Cernée par des parois vitrées, elle comprendra des ascenseurs, des escaliers mobiles et des escaliers pour atteindre les étages et la salle d'une capacité maximale de 2100 places.

Le premier toit de la salle est achevé et imperméabilisé. Les murs de béton intérieurs seront terminés le mois prochain. L'installation des ancrages métalliques - qui accueilleront les murs de verre qui donneront à l'ensemble un aspect extérieur d'aquarium lumineux - a débuté.

Arrivé dans la salle, le maestro Kent Nagano regarde de partout. «Ça fait longtemps que je n'étais pas venu, dit-il à La Presse. C'est inspirant.»

La salle est grande (25 000 m2) mais moins volumineuse que la salle Wilfrid-Pelletier. C'est une salle de concert symphonique qui pourra accueillir du jazz, mais ce n'est pas une salle construite pour la polyvalence. Il y a trois étages de foyer et un parterre actuellement parsemé de trous qui recevront un système qui permettra à l'auditeur d'être «comme dans une bulle», dit Jean Roy, directeur du bureau de projet.

«Il s'agit d'un système par induction qui sera situé sous chaque siège apportant chauffage et aération pour créer un ilot individuel pour chaque spectateur», dit-il.

La salle a été créée pour avoir la plus belle acoustique possible avec le budget accordé et pour permettre au public d'être le plus proche possible de l'orchestre. L'auditorium repose sur 289 coussins acoustiques qui permettront de l'isoler du monde extérieur afin d'éviter les bruits du métro, des avions, de la rue ou du stationnement.

Le son sera transporté de la même manière à chaque fauteuil, dit Michel Languedoc, directeur du consortium d'architectes qui a choisi «une architecture à l'abri des tendances». Les murs possèdent des structures convexes pour que le son produit par les musiciens puisse leur revenir.

Le transport du son et la recherche du silence total est l'oeuvre de Tateo Nakajima, responsable de l'acoustique. Il fait partie de la firme newyorkaise Artec, mondialement connue, dont le président Russel Johnson (décédé il y a trois ans) a conçu la signature acoustique de l'Adresse symphonique.

«Les dimensions de la salle ont été créées dès le départ pour une acoustique de niveau international, dit M. Nakajima. Et pour le silence absolu, le bruit de fond sera sous zéro, soit la capacité minimale humaine d'entendre un son.»

Les murs de la salle seront recouverts de lambris de bois de hêtre couleur « bronze rosé » provenant de la région de Gatineau. «On va faire étuver le bois pour qu'il soit plus stable, dit M. Languedoc. Il sera ensuite huilé pour qu'il garde sa couleur naturelle. L'expérience de l'intimité va être très forte dans cette salle. J'ai vu des traitements intérieurs plus sophistiqués mais est-ce que c'est plus beau? On pense que la chaleur va y être exceptionnelle.»

Au-dessus de la scène, au 3e niveau, une niche a été prévue pour accueillir un orgue qui ne sera installé qu'après l'inauguration de la salle. «Olivier Latry, l'organiste titulaire du Grand Orgue de Notre-Dame de Paris, supervise l'arrivée de cet orgue», précise Kent Nagano.

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, est ravie de voir «le bébé de Monique Jérôme-Forget» prendre forme. «C'était un rêve sur papier et voilà!, lâche Mme St-Pierre. Une grande métropole doit avoir une salle de concert.»

La ministre assure que le coût de construction (en partenariat public-privé), environ 105 millions sur un projet total de 266 millions, ne sera pas dépassé. «La cible est 266 millions et on est à l'intérieur de ce qui était prévu», dit-elle.

Même si le stationnement est terminé, il est actuellement utilisé pour des bureaux provisoires et pour entreposer du matériel. Ce n'est que l'été prochain qu'il pourra accueillir des véhicules. La ministre est au courant des problèmes de manque de places de stationnement au centre-ville. Elle en a discuté avec La Presse, ayant vécu la situation récemment lors de la première du spectacle de Daniel Lemire.

Tout comme pour la première de l'humoriste Martin Petit, le spectacle d'Oncle Georges avait débuté en retard car les spectateurs n'arrivaient pas à trouver de places pour garer leur auto.

Quoi qu'il en soit, le maestro Nagano est ému de voir s'élever ce qu'il appelle «une part de notre héritage». Au-delà des comparaisons avec d'autres salles de concert du monde, il dit qu'il faudra s'approprier ces lieux élaborés selon «nos» traditions.

«Le matériau de l'Adresse symphonique est du Québec, dit-il. Donc, l'acoustique va sonner littéralement comme ici. Il n'y aura aucune autre résonance comme celle-ci. Ce sera unique. Et puis, une salle, ce n'est pas seulement l'acoustique, c'est psychologiquement au centre d'une communauté et intemporel.»