Ils vont bientôt se faire entendre un peu partout sur la planète, mais avant la grande aventure, les Respectables renouent avec leur public francophone. Cinq ans après Le monde à l'envers, son dernier album en français, le groupe originaire de Québec a lancé cette semaine Guacamolé, un CD énergisant, fait de chansons rock, reggae et latinos. Le chanteur Sébastien Plante nous parle de cet album et des projets du groupe à l'étranger.

Les Respectables attendent le moment depuis 20 ans: jouer leur musique sur les scènes du monde entier. Le rêve est sur le point de se concrétiser pour le groupe originaire de Québec qui doit annoncer sous peu de grands projets de carrière à l'étranger, avec comme point de départ son disque anglais Sweet Mama. Mais avant de partir à la conquête du monde, la bande à Sébastien Plante lance un quatrième album studio en français, avec un titre espagnol qui traduit l'esprit musical ouvert du groupe. Guacamolé est bien ancré dans le rock'n'roll classique, mais il ne s'empêche surtout pas de flirter avec le reggae et les rythmes latinos; tout comme le faisait$=bonheur, le premier disque en français des Respectables, lancé en 1999.

«Le reggae et le latino, ce n'est plus des influences aujourd'hui, c'est notre nature. C'est sorti tout seul et c'est l'fun d'avoir cette liberté au Québec, de pouvoir se permettre d'avoir plusieurs couleurs. À l'étranger, c'est différent, c'est unidimensionnel», remarque le chanteur Sébastien Plante.

L'album du plaisir

Si Le monde à l'envers, lancé il y a cinq ans, était l'album de l'environnement, on a envie de dire que Guacamolé est celui du plaisir. Car Les Respectables y célèbrent leur amitié, qui dure depuis 20 ans, mais aussi un positivisme qui n'a rien de naïf. Une sorte de foi en l'homme, en son pouvoir de changer. Le monde est peut-être blindé, crinqué, stressé, chantent-ils, mais «le monde est ce que t'es». Quoi de mieux alors que des airs festifs pour donner à chacun l'énergie qui pousse vers le soleil?

«On constate [ce qui ne tourne pas rond] et on continue... Mon principe, c'est de ne pas lâcher, jamais, coûte que coûte», souligne le chanteur, qui a aussi écrit tout seul les paroles des chansons; une part de la création qu'il partageait autrefois avec le guitariste Pascal Dufour, devenu artiste solo.

«Je sens l'album encore plus naturel, ça vient plus de moi. Je suis allé directement dans ce que j'avais envie de dire.»

En d'autres mots, pas de vision bicéphale, pas de discussions à n'en plus finir sur un mot ou une note, donc plus de spontanéité. Tellement que Sébastien Plante a inventé les paroles de la chanson-titre à même une jam session en studio. En résulte une pièce brûlante et enivrante, un peu délinquante même, avec des cuivres exotiques.

«C'est arrivé par les souvenirs du désert du Mexique et d'un trip de tequila. On avait tourné le clip de$=bonheur dans le désert... Ça me fait buzzer, cette toune-là. Les Respectables étaient devenus un peu trop sérieux, je suis content de ramener un côté gringo!»

Guacamolé a été enregistré dans une ambiance plus décontractée que d'habitude, raconte le chanteur, avec aussi une simplicité volontaire et beaucoup d'enregistrements live en studio, c'est-à-dire que le groupe jouait ensemble au lieu d'enregistrer séparément la piste de guitare, puis la piste de batterie et ainsi de suite.

Comme les trois autres albums français du groupe, celui-ci devrait compter son lot de succès radio. Les Respectables ont le don pour les mélodies accrocheuses et énergisantes.

«Pour moi, une bonne chanson doit avoir une mélodie, de la couleur, du beat, un hook et quelque chose à dire, un propos, estime Plante. Je pense qu'on a le tour avec le côté pop et les mélodies. Mais on a aussi des chansons plus profondes et plus sombres ou simplement différentes. Il y a des chansons qui ne sont pas destinées à la radio, mais on a appris des Beatles et de leurs descendants.»

Les Respectables ont commencé leur carrière en anglais dans les années 90; ils ont même produit trois disques dans cette langue avant de toucher au succès, en français. Mais ils n'ont pas mis de côté pour autant leurs ambitions de jouer leur musique à l'extérieur du Québec. Si l'album Sweet Mama (2009) est resté assez confidentiel chez nous, le Canada anglais n'est pas resté indifférent, et Les Respectables ont grimpé en tête de plusieurs palmarès radio au pays. Le groupe a aussi été invité à se faire entendre à Los Angeles, à Londres et à Perth, en Australie. Mais même si l'espoir de la conquête internationale est grand, le groupe formé de Sébastien Plante, de Stéphane Dussault et de Stéphane Beaudin est très soucieux de renouer avec son public d'ici.

«Ça fait du bien de revenir avec un disque en français. C'est important, c'est chez nous ici. Ce n'est pas parce que je chante en anglais que j'ai perdu le désir de la francophonie», souligne le chanteur.

Sébastien Plante montre aussi l'amour de ses racines par le choix qu'il a fait de revenir s'installer dans la région de Québec, après avoir passé plusieurs années près de Montréal.

«J'ai passé le plus bel été depuis longtemps! Je suis allé aux Fêtes de la Nouvelle-France, j'ai profité des bons restos, mes filles sont dans une petite école: c'est parfait. Je le recommande à tous ceux qui ont la chance de revenir! Je veux même aller voir le maire et lui dire que je suis là, comme ambassadeur du rock'n'roll! Québec est vraiment in maintenant.»

Les Respectables seront aussi en spectacle plusieurs soirs en décembre au Capitole. Ils vont jouer, accompagnés du guitariste Steve Hill, quelques nouvelles pièces, leurs grands succès, quelques titres de Sweet Mama et plusieurs classiques du rock qu'ils jouaient à leurs débuts au Dagobert, au Kashmir et dans les bars de la ville.

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