Steve Jordan, fondateur et directeur général du prix Polaris, affirme qu'il est «risible» de supposer que «des journalistes qui parlent la même langue ont un agenda commun et des goûts uniformes».

«Les gens peuvent commenter comme ils veulent le choix du gagnant, mais pas remettre en question le processus du vote. C'est la qualité du disque et rien d'autre», dit-il. Brad Wheeler - le journaliste qui a laissé entendre que c'est la présence de quatre jurés francophones sur 11 au total qui aurait mené Karkwa à la victoire - devrait le savoir, car il a fait partie du grand jury l'an dernier, souligne Steve Jordan.

De plus, il faut souligner que deux des jurés francophones n'habitent pas au Québec: François Marchand vit à Vancouver et Marc Xavier Leblanc est né au Nouveau-Brunswick. (Même que selon nos sources, ce sont surtout les journalistes anglophones du grand jury qui préféraient l'album de Karkwa.)

Du Québec, André Péloquin de Bang Bang et Phillipe Rezzonico de Rue Frontenac étaient parmi les jurés. «C'est tout simple, c'est voter pour le meilleur album», a dit à La Presse André Péloquin, qui, à l'instar de Steve Jordan, trouve «ridicule» qu'un journaliste professionnel pense que des journalistes francophones vont automatiquement voter pour un artiste francophone.

«Le processus est rigoureux», fait-il valoir. C'est un cheminement de presque six étapes avec un système de points. «C'est un commentaire isolé», ajoute Philippe Rezzonico.

Dans son article, Brad Wheeler indique que Karkwa est un groupe «obscur» pour le Canada anglais. Le but de Polaris est de favoriser la découverte musicale, rappelle Philippe Rezzonico. «Karkwa n'est pas reconnu à la grandeur du Canada, comme d'autres groupes qui étaient en nomination.»

Les membres de Karkwa ne voulaient pas commenter l'affaire hier. «Ils font de la musique et pas de la politique, a indiqué Philippe Archambault d'Audiogram. Ils sont juste super contents du prix.»

Au final, toute cette controverse aura du positif, se réjouit Steve Jordan. «Des anglophones vont avoir envie de découvrir la musique francophone de Karkwa