«Ton nom, c'est plus que l'Acadie», chantait Annie Blanchard quand elle a repris Évangéline, il y a quelques années. Son deuxième album, Marcher vers le Nord, c'est aussi plus que l'Acadie... puisque la Gaspésie est aussi de la partie! Les collaborations de Laurence Jalbert, Steve Marin ou Paul Daraîche se marient ainsi à celles de Calixte Duguay, Pascal Lejeune, Denis Richard, Jean-François Breau, Wilfred LeBouthillier, Ronald Bourgeois...

«Tu comprends, moi, je suis quelqu'un de très zen, de plutôt groundée, et j'aime ça, travailler avec des gens posés, eux aussi, répond Annie Blanchard quand on lui demande pourquoi elle a choisi l'excellent guitariste et multi-instrumentiste Réjean Bouchard comme réalisateur. «Réjean, il est calme. Je l'ai rencontré grâce à Chloé Sainte-Marie, qui était venue donner un atelier de poèmes à Star Académie (la cuvée 2005, dont faisait partie la jeune chanteuse) avec Réjean et j'avais trouvé l'atelier vraiment intéressant.

«Après, poursuit-elle de sa jolie voix aux inflexions acadiennes, je me suis rendu compte que c'était lui qui avait réalisé le dernier album de Laurence Jalbert, album qui est une référence pour moi (Tout porte à croire en 2007). Alors, ça coulait presque de source, travailler avec lui. Je voulais garder la même douceur que sur mon premier disque (Sur l'autre rive, 2007), mais avec plus de rondeur, plus de couleurs aussi.»

Notamment les couleurs du violon de Stéphanie Labbé («elle n'a pas eu peur de désaccorder son violon, d'oser») ou de l'harmonica de Guy Bélanger: «C'était une de mes demandes spéciales, l'harmonica, j'ai toujours aimé ça, j'ai toujours beaucoup écouté de blues et été en voir en spectacle. Alors, quand Réjean m'a proposé Guy pour faire la chanson de Calixte Duguay, je me suis rendu compte que non seulement c'était une bonne idée, mais qu'en plus, Guy connaissait bien Calixte!»

On s'entend, ce n'est pas la foule folle qui connaît Calixte Duguay. Mais l'Acadie connaît son poète, et celui-ci était bien content qu'Annie Blanchard reprenne sa chanson Pierre à Jean-Louis, «que je chante en spectacle depuis deux ans, en plus», précise la chanteuse. D'ailleurs, son coin de pays acadien, la fameuse «baie des douceurs» qu'elle invoque dans la chanson Je suis bien ici, est présent dans plusieurs chansons: «C'est vrai que j'en parle souvent, mais qu'est-ce que tu veux, ça fait du bien de revenir chez soi, d'une façon ou d'une autre!»

Laurence Jalbert elle-même est sur l'album puisqu'elle y chante la chanson-titre dans un duo très réussi et «up tempo» avec Annie («je voulais faire un duo de filles, il n'y en a pas assez»): la chanson est écrite et composée par Steve Marin, le même Steve Marin qui a composé Chanson pour les mois d'hiver à l'intention d'Isabelle Boulay: «Laurence, c'est un lion dans la vie, mais quand elle a entendu comment je faisais la chanson, elle s'est collée à ma manière, avec beaucoup de respect. C'est pour des choses comme ça que je l'aime autant.»

Et pour ce qui est de Paul Daraîche, qui a écrit un texte de chanson très senti sur la relation entre Annie et son père (Il était là)? «Ça, ça vient de la tournée du spectacle Quand le country dit bonjour..., explique-t-elle avec chaleur. Pendant un an, on a donné une trentaine de représentations de ce spectacle (qui réunissait plusieurs chanteurs populaires reprenant des succès country), jusqu'au printemps dernier. Et il s'est tissé des liens entre nous tous. J'avais demandé à Paul, qui chantait avec nous, de m'écrire une chanson. En le voyant avec sa fille Émilie, ça m'a fait penser à ce que je vis avec mon père, c'est comme ça qu'on a eu l'idée du thème. Et puis, Jean-François (Breau) et Wilfred (LeBouthillier), qui étaient aussi sur le show, ont composé une musique, et voilà...»

À compter du 27 octobre, au Studio-Théâtre de la Place des Arts, Annie Blanchard entreprendra une tournée, en compagnie des trois musiciens qui l'ont accompagnée durant l'été en Suisse et au Québec. Une petite salle lui convient parfaitement... même si c'est sur la grande scène du théâtre Maisonneuve qu'on l'a vue à Montréal, la dernière fois, dans le cadre du spectacle de Renée Martel aux FrancoFolies: «J'étais malade comme ça ne se peut pas, mais je tenais à le faire, et Renée Martel m'a aidée, dit la jeune femme avec un sourire franchement radieux! Trois, quatre jours après, elle m'a téléphoné pour prendre de mes nouvelles. J'en revenais pas: sur mon cellulaire, c'était écrit Renée Martel! Renée Martel m'appelait! J'ai appelé mon père tout de suite après pour lui raconter ça.» Et son père était là...

FOLKCOUNTRY

ANNIE BLANCHARD

MARCHER VERS LE NORD

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