En juin, le jeune cinéaste québécois Xavier Dolan a provoqué une petite commotion dans les médias: alors que venait d'être présenté en grande première son film Les amours imaginaires, il s'est mis à réciter du Gaston Miron.

Parce que Miron est toujours d'actualité et dans l'actualité, que ce soit parce qu'on appose une plaque commémorative sur une maison qu'il a habitée (il y a quelques semaines, rue Saint-André à Montréal), qu'on publie des livres à son propos, (tout récemment, L'avenir dégagé, Entretiens 1959-1993 de Gaston Miron aux éditions de l'Hexagone... qu'il a fondées) ou parce que plusieurs lieux portent son nom, par exemple l'édifice Gaston-Miron inauguré il y a un an et demi, rue Saint-Denis, dans l'ancienne Bibliothèque centrale de Montréal.

Et dire que Miron ne voulait pas que ses poèmes soient regroupés et publiés, comme pourtant ils l'ont finalement été, en 1970, sous le titre L'homme rapaillé, sur l'insistance de certains de ses amis...

Le natif de Sainte-Agathe-des-Monts, né en 1928, écrivait pourtant depuis 1952. Et c'est à compter de 1954 qu'il s'attelle à l'écriture de ses grands poèmes épiques que sont La marche à l'amour, La batèche, etc., tout en exerçant mille métiers et en s'engageant dans le mouvement souverainiste.

Il retravaillera sans cesse ses poèmes, étant l'homme d'un seul livre. L'homme rapaillé fera en effet l'objet de sept autres éditions, constamment remaniées, révisées, allongées. Accompagné de musiciens, il récitera ses poèmes sur scène à de nombreuses reprises, notamment lors de la célèbre Nuit de la poésie de 1970 (filmée par Jean-Claude Labrecque) et jusqu'à sa mort, en décembre 1996.