Qui aurait cru que les Backstreet Boys rempliraient encore le Centre Bell 17 ans après leurs débuts? Les BSB ont perdu un joueur et ne sont plus que quatre, mais ils continuent de faire crier les filles quand ils sont sur scène. Surtout au Québec, le berceau de leur succès en Amérique du Nord. Avec la venue des BSB en ville lundi soir, notre journaliste Émilie Côté a tenté de percer le mystère de leur longévité.

Vanessa Leclair a vu les Backstreet Boys plus de 20 fois en spectacle, que ce soit à Montréal, New York, Boston ou Philadelphie. Ce soir, elle sera à Toronto pour voir une fois de plus son boys band préféré. Elle a aussi son billet pour le énième arrêt des BSB au Centre Bell lundi soir.

L'histoire d'amour entre l'infographiste de 25 ans et les BSB remonte aux 11 ans de Vanessa. «La première fois que je les ai vus en spectacle, c'était au Centre Bell en 1997 (le Centre Molson à l'époque), raconte-t-elle. J'avais hurlé pendant une heure et j'avais perdu la voix.»

Le membre du groupe qu'elle préfère - et elle n'était pas la seule - était le plus blond et le plus jeune: Nick Carter.

Mais presque 15 ans plus tard, pourquoi Vanessa Leclair est-elle toujours aux premières loges de ses idoles de jeunesse?

«Il y a beaucoup de gens qui me disent: «Je ne peux pas croire que tu écoutes encore ça», explique-t-elle. Je n'écoute pas ça en me disant que ce sont les meilleures chansons du monde, mais j'ai tellement grandi avec ça que j'ai un attachement.»

Mais ce n'est pas seulement une question de nostalgie. «Les chansons sont accrocheuses, ajoute-t-elle. Les voix vont toujours venir me chercher.»

Pourtant, Vanessa Leclair est plus rock que pop. Celle qui fait de la photographie de spectacles aime des groupes comme Kings of Leon, The Black Keys et Green Day. «À Osheaga, j'ai trippé», souligne-t-elle.

Le «Pearl Jam» des boys bands

Un journaliste musical américain écrivait récemment que, par leur longévité, les Backstreet Boys sont le «Pearl Jam» des boys bands. La question à mille dollars: pourquoi les BSB remplissent-ils encore des salles alors que l'industrie du spectacle vit une crise?

D'abord, force est de constater que la plupart des chansons des BSB ont plutôt bien vieilli, et qu'elles sont aujourd'hui en rotation sur les stations de radio «adulte contemporain». Les BSB ont sorti de nouveaux albums (Unbreakable en 2007 et This is Us en 2009, pour lequel ils ont refait équipe avec le producteur au grand flair Max Martin), mais leur nouveau matériel est dans la continuité et non dans le changement.

Pour les fans, c'est du «comfort music». «Les Backstreet Boys ont peu changé leur musique. C'est un mix de R&B et de pop, souligne Catherine Moore, directrice du programme de l'industrie de la musique à l'Université de New York. Ils sont demeurés quatre des cinq membres originaux, et personne n'a fait de carrière solo fracassante comme Justin Timberlake après NSYNC.»

Selon Catherine Moore, c'est aussi parce que Nick Carter, Brian Littrell, Howie Dorough et AJ McLean sont engagés envers leurs fans. Lors de leur présente tournée, ils offrent des forfaits VIP, qui comprennent notamment une prise de photos avec les membres du groupe et une visite des coulisses. «Les forfaits or et platine sont souvent sold-out», signale Catherine Moore. Et les BSB incarnent les «boys next door»: «Des gens sincères, gentils et faciles d'approche.»

Leisa Lee, Montréalaise qui travaille depuis des années dans l'industrie du spectacle, confirme: «Les gars des Backstreet Boys sont tout simplement de bonnes personnes», dit-elle.

Le succès au Québec

Leisa Lee sait de quoi elle parle. Celle qui a aujourd'hui sa propre boîte de relations publiques travaillait pour le producteur de spectacles DKD (Donald K. Donald) quand les Backstreet Boys ont conquis le Québec avant l'Amérique du Nord.

Tout a commencé en 1996 dans un centre commercial de... Place Vertu! On attendait 400 personnes, mais ce sont finalement plus de 5000 adolescentes qui sont venues voir les BSB et qui ont failli provoquer une émeute.

«Les premiers gros shows ont eu lieu à l'International des montgolfières et à l'Auditorium de Verdun, raconte Leisa Lee. C'était presque une expérience religieuse. Les filles perdaient la tête. Elles n'écoutaient pas, elles ne faisaient que crier.»

Les BSB ont également fait une tournée régionale à Chicoutimi, Sherbrooke et Hull, poussés par le succès de leurs tubes Get Down, We've Got It Goin' On et I'll Never Break Your Heart. À Montréal, le groupe de la Floride multipliait les supplémentaires devant 15 000 personnes au Centre Molson, alors qu'il se produisait dans des salles de seulement 2000 places à Toronto.

À la fin de l'année 1996, 225 000 des 350 000 copies de leur premier album vendues au Canada avaient été achetées au Québec, sans compter les 100 000 cassettes vidéo et les 30 000 exemplaires de simples vendus. L'album n'avait pas encore été lancé aux États-Unis, mais les BSB connaissaient déjà beaucoup de succès en Europe.

Les BSB se sont produits au Centre Molson cinq soirs pendant le temps des Fêtes, à la fin de l'année 1997. «C'était des gars charmants, bien élevés. Nous, on les voyait passer de l'adolescence à l'âge adulte», se souvient Leisa Lee, qui est par ailleurs restée en contact avec la mère d'AJ McClean et qui sera sans faute au Centre Bell lundi soir.

Les BSB reconnaissent que le Québec est le berceau de leur succès en Amérique du Nord. «On n'a pas oublié que c'est ici que tout a commencé», a dit Howie à la foule lors du dernier passage de son groupe au Centre Bell.

Encore aujourd'hui, les BSB sont plus populaires au Québec qu'ailleurs. À New York, leur tournée s'arrête dans une salle de 3000 places, plutôt que dans un amphithéâtre de l'ampleur du Centre Bell.

«One-hit wonders? Futures légendes de la pop?» se demandait mon collègue Richard Labbé en décembre 1996. Quinze ans plus tard, nous pouvons très certainement parler de vétérans de la pop.

Les Backstreet Boys se produiront au Centre Bell lundi soir, avec Shawn Desman et Dan Talevski en première partie.