Parmi les saxophonistes du jazz contemporain sur lesquels il faut compter en 2010 brille le prolifique Ken Vandermark, 45 ans, résidant de Chicago. Certes parmi les forces vives du jazz contemporain, certes l'un des plus actifs dans ce circuit, infatigable leader ou participant de moult projets, ce musicien a des horaires chargés.

De retour à Montréal vendredi à la suite d'un passage encore récent au festival Suoni per il popolo (Frame Quartet et Vandermark 5, en juin dernier), le musicien nous suggère cette fois un groupe électrique: Powerhouse Sound, qui n'a rien de nu jazz, encore moins de jazz fusion. Projet dont Vandermark a d'ailleurs déjà présenté un volet à Montréal il y a une paire d'années. Et voici le nouveau chapitre: la matière de l'enregistrement Overlap.

«Ce groupe explore ces musiques de groove que j'aime beaucoup et qui sont moins associées au jazz, enfin à mon avis. Il s'agit donc d'user de ces formes comme inspiration première pour un ensemble qui se consacre à l'improvisation. Naturellement, un ensemble de musiciens qui s'octroient beaucoup de liberté.»

Quels grooves, Ken Vandermark? «Funk, reggae, funk africain, afro pop du Nigeria, d'Éthiopie ou du Bénin, ou même groove post punk. Projets électriques de Miles Davis post-Bitches Brew... et pas ceux des années 80. On pense donc à l'album On the Corner et à ce cycle des années 70. Je suis aussi très fan de Curtis Mayfield. Je le suis d'autant plus de James Brown, qui fut un véritable visionnaire à sa grande époque. Quand je dis funk pour Powerhouse Sound, je parle donc de la période fin 60 jusqu'au milieu des années 70. Tous ces grooves

Et qu'en fait le groupe du saxophoniste? Tant de musiciens de jazz s'inspirent de ces formes à une étape ou une autre de leur démarche. Est-il besoin d'ajouter que l'appropriation de ces grooves par les meilleurs artilleurs du jazz électrique n'est pas acquise d'emblée?

«Ce qui rend ma musique différente de celle des autres? D'abord, elle évite certains problèmes. Lorsque, par exemple, on commence à mélanger les genres, si la somme des sources (jazz et autres genres) devient moins intéressante que les sources elles-mêmes, il y a un problème. Pour que cette somme soit concluante, il m'importe d'ouvrir les structures de chaque pièce tout en maintenant le rythme - comme le faisait Miles dans On the Corner, par exemple. Il inventait vraiment quelque chose de différent. C'est ce que j'essaie de faire humblement avec Powerhouse Sound.»

Ken Vandermark croit sincèrement aux contributions individuelles à cet ensemble en marche depuis quelques années. Chez Tortoise, un groupe également issu de Chicago et dont la réputation n'est plus à faire, le saxophoniste a recruté le batteur John Herndon et le guitariste Jeff Parker. Vous vous imaginez bien que Parker ne s'apprête pas à jouer la carte normale, vendredi, même dans un projet de groove. Idem pour le batteur de Tortoise.

«John, dit son employeur avec enthousiasme, est un excellent musicien de jazz, mais il peut aussi être très bon dans ce contexte; il a un merveilleux sens du groove. Quant à Jeff Parker, il est l'un des guitaristes les plus polyvalents que je connaisse. Nate McBride, lui, est l'un des rares à jouer aussi bien de la contrebasse que de la basse électrique. Ainsi, ces musiciens peuvent offrir un éventail extraordinaire de possibilités. Mind blowing

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Powerhouse Sound, un groupe du saxophoniste Ken Vandermark, se produit ce soir, 20 h 30, à la Sala Rossa.