Après une expertise minutieuse, la justice belge a tranché: non, Plastic Bertrand n'est pas le chanteur de Ça plane pour moi, le succès qui l'a rendu célèbre.

La bataille de Ça plane pour moi a éclaté lorsque Lou Deprijk, son compositeur belge, a affirmé dans une entrevue lundi au quotidien La dernière heure qu'il en était aussi l'interprète, Plastic Bertrand n'ayant fait que le «chanter» en play back.

La preuve a été apportée par une expertise demandée par un tribunal, a-t-il ajouté.

L'expert, ayant analysé la version de 1977 diffusé à huit millions d'exemplaires, à une autre enregistrée en 2006 par M. Deprijk en a en effet conclu que c'était bel et bien la même voix.

«Avec les terminaisons de phrases relevés sur les bandes, on ne peut attribuer la voix qu'à un Ch'ti ou un Picard», a observé l'expert, autrement dit pas à Plastic Bertrand, né à Bruxelles, mais bien à M. Deprijk, originaire du Hainaut, région du sud-ouest de la Belgique où le dialecte picard est parlé comme dans le nord de la France.

M. Deprijk, dans la même entrevue, précise qu'il a été en réalité l'interprète des quatre premiers albums de Plastic Bertrand, en accord avec la maison de disque Vogue France.

«Plastic a fait, à l'époque, des essais de voix, mais ça ne donnait rien... Il a une voix entre Michou (fondateur et meneur de revue de cabaret parisien, NDLR) et Hervé Vilard» (chanteur français, NDLR), a-t-il perfidement asséné.

Que Ça plane pour moi ait été écrit par Yves Lacomblez et composée par Lou Deprijk, lequel l'a aussi produite et interprétée, Plastic Bertrand ne le nie pas, commente mardi La libre Belgique.

Mais, rappelle le quotidien belge, «il reste juridiquement l'«artiste-interprète» du titre», par décision d'un tribunal bruxellois en juin 2006, comme l'a souligné par communiqué la société MMD qui défend les droits de Plastic Bertrand, alias Roger Jouret.

Aucune procédure judiciaire n'oppose d'ailleurs les deux hommes, qui ont mis fin à leur collaboration il y a longtemps.

Le fait nouveau est ce rapport d'un expert de la voix, déposé récemment dans le cadre d'une action intentée par la maison de disques AMC, propriétaire des bandes originales du titre, contre Lou Deprijk.

AMC reproche à M. Deprijk d'avoir commis une contrefaçon lorsqu'il a produit et interprété en 2006 une version à l'identique de la fameuse chanson, avec pour sous titre «original voice» («voix originale»).

Le phénomène n'est pas exceptionnel. Des groupes célèbres comme Mini Vanilli étaient aussi composés d'«artistes du play back».

Mais la divulgation de ce que le quotidien Le Soir qualifie de «secret de Polichinelle» n'éteint pas l'action intentée par AMC.

Il reste au juge à donner tort ou raison à la société AMC, qui estime que, interprète ou pas, Lou Deprijk n'avait pas pour autant le droit de sortir une nouvelle version de la chanson.

Le Soir rapporte que la mélodie de Ça plane pour moi aurait été utilisée pour la publicité en Chine d'une célèbre marque américaine de boisson gazeuse, ce qui pose la question des droits dérivés.

M. Deprijk, reparti après ses fracassantes déclarations vivre en Thaïlande, a souligné qu'il s'agissait pour lui d'une question d'honneur et non d'argent.

Cette affaire pourrait être accueillie en Grande-Bretagne avec une certaine ironie. L'air de Ça plane pour moi est une copie de Jet Boy Jet Girl, un morceau aux paroles bien plus osées, qu'un «punk» britannique, Elton Motello, avait sorti à la même époque, mais, lui, sans grand succès dans le monde anglophone.