Quand Crowded House a refait surface avec l'album Time on Earth en 2007, Neil Finn s'était suffisamment aéré l'esprit pour plonger de nouveau dans l'univers délicieusement pop du groupe néo-zélandais. Finn et sa bande rappliquent avec l'album Intriguer qui sera en magasin le 13 juillet, jour même de leur concert au Métropolis.

Après avoir liquidé Crowded House, au milieu des années 90, Neil Finn a lancé deux albums solo et deux autres avec son frère Tim, avec qui il avait joué dans Split Enz et Crowded House. Il a aussi organisé les concerts tout-étoiles 7 Worlds Collide avec des musiciens comme Johnny Marr et Eddie Vedder ainsi que Phil Selway et Ed O'Brien de Radiohead. Et il a consacré plus de temps à sa famille, lui qui jouait dans un groupe depuis l'âge de 18 ans.

«Ça m'a fait du bien de m'éloigner du groupe, reconnaît Finn au bout du fil, à quelques jours de la parution du nouvel album de Crowded House, Intriguer. Aujourd'hui, je renoue avec le pur plaisir d'être dans un groupe: la camaraderie, le partage, et la sensation agréable d'entendre des chansons qui ne sonnent pas tout à fait comme je les avais imaginées.»

Neil Finn est encore et toujours l'âme de Crowded House, qui comprend le complice de toujours Nick Seymour à la basse, le claviériste-guitariste Mark Hart et le batteur Matt Sherrod, successeur de Paul Hester qui a quitté le groupe en 1994 et s'est enlevé la vie en 2005. Mais Intriguer est vraiment un disque de groupe, insiste Finn: «L'album précédent (Time on Earth) était au départ un disque solo dans lequel le groupe s'est impliqué par la suite. Cette fois, nous avons répété les chansons et les avons jouées en spectacle avant de les enregistrer. Je pense que cet album a plus de cohésion.»

Crowded House n'a pas souvent eu le luxe de jouer les compositions de Finn avant d'entrer en studio. Ça ne les a surtout pas empêchés de transformer ces chansons en cours d'enregistrement. «Nous avons découvert très tard dans le processus que la chanson Either Side of the World était faite sur mesure pour un rythme de samba, alors que le rythme d'origine était très ordinaire, raconte Finn. L'expérience nous a plu. D'autres chansons, qui avaient beaucoup changé en spectacle, ont encore été transformées en studio. C'est ce que j'aime: faire le tour d'une chanson, la lancer en l'air et la garder ouverte le plus longtemps possible. Nos chansons changent encore quand on les joue sur scène. Elles doivent toujours demeurer actuelles.»

Même s'il s'investit complètement dans Crowded House, Neil Finn n'exclut aucun autre projet. «Je suis très fébrile au plan créatif, dit-il. J'aimerais faire des disques solo, refaire de la musique avec mon frère et j'ai déjà enregistré des chansons avec ma femme Sharon qui vont sortir à un moment donné sous le nom de The Pyjama Party. J'aimerais aussi jouer avec mon fils Liam. Chaque fois que tu joues avec quelqu'un d'autre, tu en retires quelque chose.»

Sharon et fiston Liam, 26 ans, ont contribué tous deux à la chanson Isolation du nouvel album de Crowded House, un collage de deux compositions de Neil Finn. «C'est arrivé par accident, raconte Finn. Je cherchais une manière de finir la chanson et quelqu'un, je pense que c'était Mark Hart, a suggéré qu'on y greffe ce gros morceau de guitare heavy sur lequel nous avions jammé quelques jours auparavant. On l'a essayé et on a trouvé ça excitant parce que c'était inattendu.»

Intriguer est encore et toujours le disque d'un mélodiste hors-pair dont on a souvent dit qu'il était l'héritier direct des Beatles. «Nous avons grandi avec leur musique, mais notre style n'est pas comparable à celui des Beatles, précise Neil Finn. Par contre, j'ai été inspiré par le sens de l'aventure des Beatles, qui les a fait explorer différents styles de musique, du heavy rock au folk pastoral, en passant par des choses jazzées ou psychédéliques. Ça m'a influencé dans ma façon de faire des disques. Mais les Beatles étaient un band extraordinaire, unique, qu'on va encore vénérer dans quelques siècles.»

Crowded House, au Métropolis, le 13 juillet.

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