Puisque les dixièmes Suoni Per Il Popolo démarrent demain, nous avons choisi de vous présenter le plat principal d'un des plus ambitieux programmes de la semaine qui vient, soit What's Up Vienna, paire de soirées autrichiennes prévues à la Sala Rossa. Redoutable trio, Radian y suggérera mercredi un avant-rock aux multiples lutheries: électronique, électrique, acoustique.

«La démarche de ce groupe repose sur le contrôle, la maîtrise», pose d'abord Martin Brandlmayr, percussionniste de Radian, ensemble autrichien en marche depuis plus d'une douzaine d'années.

À Montréal, le trio s'est produit trois fois, dont une au festival Mutek, d'ailleurs impliqué dans la présentation de cette soirée de mercredi, entièrement composée d'artistes viennois. Chimeric, cinquième album de Radian (étiquette Thrill Jockey) nous ramène Radian avec de nouvelles propositions sonores à transposer sur scène.

De quel contrôle est-il question, au fait? De quelle maîtrise?

«Pour cet album, répond le musicien, nous voulions explorer un nouveau territoire. Habituellement, nous travaillons à partir de sons ténus, à peine perceptibles, que nous amplifions au maximum. Un exercice microscopique, en quelque sorte. Avec Chimeric, nous avons procédé à l'inverse. Nous avons fait grimper à ras bord le volume des amplificateurs, puis nous avons enregistré. Ainsi, nous avons circulé à l'autre bout de la dynamique.»

Plutôt que le microscope, donc, Radian a choisi cette fois le télescope! Une image qui plaît visiblement à Martin Brandlmayr, à l'entendre rire au bout du fil.

«Sur cet album, reprend-il, nous avons d'abord travaillé sur ce qui est hors de notre contrôle. Par exemple, moi, en train de taper très fort sur des cymbales et les tambours de ma batterie. Nous avons enregistré ces sessions plein volume, pour ensuite faire un montage et un traitement des sons recueillis. Avec beaucoup d'attention.

«Ainsi, on trouve deux modes de création sur cet album. Primo, un procédé très rapide, instinctif. Secundo, un procédé très lent, soigneux, rigoureux. En somme, nous continuons à exploiter les idées de contrôle et d'exactitude. C'est la raison première de l'existence de Radian.»

Puisque nous y sommes, herr doctor, quel est le rapport entre contrôle et émotion? Entre contrôle et création? Entre contrôle et instinct?

«Sur cet album, répond Martin, nous nous sommes intéressés aux événements soudains, au moment présent, à l'improvisation. Aux décisions qui proviennent des tripes et non de la tête. Puis nous avons conservé ces moments afin de créer des formes structurées.»

Dans la même optique, les musiciens de Radian travaillent avec «les restes de la musique», pour reprendre l'expression de Martin, sans en exclure les structures rythmiques. «Le rythme est très important pour nous, c'est pourquoi nous avons le sentiment d'évoluer quelque part entre avant-garde et pop culture.»

Plus concrètement, comment tout ça se traduit-il sur scène? «Nous utilisons des ordinateurs auxquels nous sommes liés. Nous suivons un plan très précis qui ne comporte que très peu d'improvisation sur scène. Stefan (Nemeth) joue les guitares et les synthétiseurs, John (Norman) joue la basse et je joue les percussions en plus de déclencher les séquences informatiques qui nous accompagnent.»

Depuis ses débuts, Radian maintient le cap, poursuit ses objectifs, dont celui de créer un langage commun entre instruments électroniques, électriques ou acoustiques. «Pour nous, la provenance du son importe peu. Par exemple, le son blanc (qui véhicule toutes les fréquences simultanément) peut être créé autant par une batterie que par un synthétiseur. Idem pour son opposé, c'est-à-dire l'émission d'une seule fréquence. Ce qui importe au fond, c'est ce que tu explores des possibilités qui s'offrent à toi.»

Le mercredi 9 juin, Suoni per il Popolo, MUTEK, & dim coast présemtemt What's Up Vienna! avec Radian + Christof Kurzmann & Michaela Grill + Didi Bruckmayr & Hyena Hive + Martin Brandlmayr & Christof Kurzmann.