Le producteur et musicien Guillaume Coutu-Dumont revient à la maison, en quelque sorte, présenter son plus récent projet musical, une performance avec orchestre qui traduira sur scène le house percussif et aventureux qui contribue à sa renommée en Europe, où il est établi depuis quelques années.

« On se demandait: est-ce qu'on dit le lac-des-Castors, ou le lac-aux-Castors? » Alors là, il me confond, Guillaume Coutu-Dumont. Avec le genre de question existentielle qu'on ne se pose que lorsque toutes les autres ont été résolues.

En paix, le musicien? Revenu il y a quelques jours à peine, un bébé sous les bras par dessus le marché, le Montréalais d'origine profitait d'une belle journée d'été précoce pour pique-niquer sur la montagne. Donner quelques entrevues, aussi. « Je n'en ai pas vu, de castors. Si j'en avais vu au moins un, j'aurais pu dire lac-au-Castor... »

Comme une bonne douzaine de musiciens montréalais de la scène électronique, Coutu-Dumont a senti le besoin d'aller voir du côté de l'Europe pour poursuivre sa carrière. À Berlin, précisément, où ça bouge le plus. « En fait, y a moyen d'avoir une belle vie tranquille, à Berlin, indique-t-il. Ça se compare à la qualité de vie que je pourrais avoir à Montréal, d'autant plus que j'ai un peu l'impression d'être ici, là bas. On est une petite gang de Montréalais », Mike Shannon, Ernesto Ferrea, The Mole, Deadbeat, Jeff Milligan, l'intelligensia électro locale, exilée pour les besoin du boulot.

« À l'époque, c'était compliqué d'habiter Montréal pour développer sa carrière, explique-t-il. Les promoteurs, les clubs, ils voulaient bien me booker pour une performance, mais à chaque fois, ils me disaient de les rappeler lorsque j'aurai une tournée d'organisée, de sorte que rien ne bougeait. Depuis trois ans, j'ai été chanceux, mes affaires vont bien, mon nom est mieux connu. Si demain matin, je revenais à Montréal, les promoteurs m'inviteraient quand même. »

Pour Guillaume Coutu-Dumont, le déménagement à Berlin a été profitable. Depuis la parution de son premier disque, Face à l'Est, en 2007, il a enfilé les petites tournées européennes, lancé des singles, tracé sa voie sur la scène électro grâce à ses intelligentes compositions house, toutes en subtilités sur le plan des arrangements qui fleurent le funk et le jazz, mais en tonus au niveau des rythmes, souvent colorés de références afro-latines.

Son nouveau disque, Breaking the Fourth Wall, est une affaire autrement plus risquée, qui accroche l'auditeur à coups de rythmes calibrés pour les pistes de danse avant de nous amener complètement ailleurs.

« En français, le titre pourrait se traduire par aparthé, mais il me semble que ça avait plus de punch en anglais... C'est l'image que je trouve chouette, ce quatrième mur entre l'acteur et son public - en théâtre -, qui te permet de sortir de l'action de la pièce pour lui exposer les choses autrement. Le message est dans la musique... »

Et la musique, elle, sera jouée en direct, samedi soir, sur la scène du Métropolis. Un amalgame de tout ce que Coutu-Dumont a travaillé ces dernières semaines, un peu des nouvelles pièces, mais beaucoup de matériel inédit, « ce que je présente lorsque je joue live dans les clubs en Europe. » L'orchestre The Side Effects est constitué de Nicolas Boucher aux claviers, Marc-André Charbonneau à la guitare et Sébastien Arcand-Tousigny au saxophone; le DJ et producteur Dave Aju passera chanter quelques titres.

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Nocturne 3: le programme est double, les destinations aussi. Vendredi soir, c'est à la fois à la SAT et au Club Soda, quelques portes au nord, que le voyage à travers les basses fréquences a lieu. Si, au Club Soda, la première performance d'Actress est incontournable, le reste de l'affiche vaut aussi le coup d'oeil, notamment Shed, étoile montant du techno allemand, qui édite sous étiquette Ostgut Ton, entre autres. Le label Hyperdub sera bien représenté à la SAT, avec les Ikonika et King Midas Sound.

A/Visions 3: Soirée ambiant au Monument-National, avec d'abord le Montréalais Thierry Gauthier, suivi de Marsen Jules Trio, dont la délicate performance sera agrémentée des effets visuels du VJ Nicolai Konstantinovic. Enfin, d'Australie, Pimmon, avec des textures sonores plus bruitistes.