Nuits d'Afrique compte sur de jeunes programmateurs et ça se voit. Présenté du 13 au 25 juillet prochain, le 24e festival de musique africaine fera encore plus de place au sang neuf et aux artistes tendance «hip».

«On a essayé de refléter la nouvelle génération, explique le coresponsable du menu, Frédéric Carvadec. Plusieurs artistes qui viennent cette année cartonnent dans leur pays d'origine ou incarnent les nouvelles tendances en musique du monde. On voulait vraiment que ça ressorte.»

 

À ce chapitre, le gros coup de la programmation en salle est certainement groupe Konono no 1, qui se produira au National le 16 juillet. Ce groupe congolais est loin d'être récent puisqu'il a été fondé à la fin des années 60. Mais depuis deux ou trois ans, il fait l'objet d'un véritable «buzz» sur la planète branchée, avec son mix original de traditionnel, de musique de transe, de rock expérimental et d'électroacoustique de fond de garage.

Imaginez: ces musiciens n'ont tellement pas de moyens qu'ils branchent leurs likembe (pianos à pouces) sur des batteries de char et chantent dans de vieux mégaphones pourris datant de l'époque coloniale! Sur disque, la formule peut devenir répétitive, mais sur scène, ça risque d'être une autre histoire.

Côté nouvelle génération, on insiste sur la chanteuse franco-marocaine Hindi Zahra, qui donnera le concert d'ouverture officiel du festival le 15 juillet au National. Endossée par la multinationale EMI, qui en profitera pour lancer son album au Canada, Zahra viendra présenter sa fusion très «radio-amicale» de trad maghrébin, de blues malien et de folk indolent, «un mélange qui rend la chose unique», précise Frédéric Carvadec, en suggérant que la demoiselle pourrait être une des prochaines coqueluches au rayon des musiques du monde. Ou de la musique pop tout court.

Beaucoup de potentiel également chez la chanteuse folk-rock brésilienne Mallu Magalhaes (20 juillet, Cabaret du Mile End), qui n'a que 18 ans et déjà deux disques à son actif. Chez la chanteuse R'n'B sud-africaine Nomfusi (22 juillet, Balattou), mélange de Lauryn Hill et de Miriam Makeba, qui vient d'enregistrer son premier disque chez Universal. Et chez le latino-maghrébin Sarazino (16 juillet, Cabaret du Mile End), qui réunit le pop, le funk, la musique arabe, le reggae et les rythmes latins en un melting pot peu courant.

Enfin, n'oublions pas la programmation extérieure, présentée du 22 au 25 juillet place Émilie-Gamelin, et qui donnera la belle part aux artistes de notre très respectable relève locale, tels que Bambara Trans, DjiDji, Maye, Maytiss et Bombolesse.

Place de choix pour les anciens

Ce virage «jeune» ne se fera pas au détriment des plus anciens, insiste Frédéric Carvadec. «Il y a aussi une place de choix pour les pères et mères des musiques du monde, qui ont déjà des années de carrière derrière eux.» Parmi ces artistes plus chevronnés, soulignons la bande des Sierra Leone's Refugee All Stars (19 juillet, Cabaret du Mile End), groupe composé d'authentiques victimes de la guerre civile, du Zimbabwéen Oliver Mtukudzi (25 juillet, place Émilie-Gamelin) et, surtout, du Sénégalais Omar Pêne, ancien chanteur du Super Diamono, qui sera également l'un des deux porte-parole du festival, avec Herby Moreau (22 juillet, Cabaret du Mile End). Vétéran parmi les vétérans, le groupe Kassav' viendra clore l'événement le 25 juillet au Métropolis, exactement comme l'an dernier. On sait que la place sera encore pleine, mais pas une année de plus, OK? Faudrait pas que Nuits d'Afrique commence à se répéter. Maladie de vieux, ça...

Pour plus d'informations: festivalnuitsdafrique.com