Elle arrive de nulle part et s'en ira loin, la belle Laurence Hélie, auteure d'un premier album éponyme attachant, fait de cordes pincées et d'ambiances folk feutrées, écrin confortable pour sa voix qui, de son propre aveu, «n'est pourtant pas du tout country». Première rencontre.

Il y a quelque temps, Laurence et son copain sont partis à l'aventure. Route 66, jusqu'à Nashville. Un road trip autant qu'un pèlerinage à la Mecque du country américain «où tout le monde est tellement accueillant», assure-t-elle en imitant l'accent typique du pompiste venu les aider à faire le plein.

 

«On devait aussi aller à Memphis, mais finalement, on a rebroussé chemin parce que j'ai acheté un ampli, raconte-t-elle. Ce n'était pas prévu, évidemment. Un beau Prestige 1967, tout seul dans la vitrine, on ne pouvait quand même pas le laisser là, le pauvre petit!»

Ça lui ressemble, tiens. Allumée, fonceuse, voire inconsciente - c'est elle qui le dit -, et amoureuse du son, celui du country autant que le son des guitares et du travail de studio. «J'aime tout du country, et du western, mais ma culture country est américaine. Loretta Lynn, Patsy Cline, Hank Williams, les classiques. Mais le nouveau aussi, même les trucs les plus pop comme Brad Paisley...» Et d'entonner un refrain de Paisley qui parle de boue qui tache les «mud flaps» de son camion... «C'est trop cool.»

Rassurez-vous, Laurence Hélie ne chante pas les randonnées sur son ranch. Ses textes, écrits par les auteurs qu'elle a enrôlés, Dave Richard, le Français Brice Homs, Frédéric Baron, Sandrine Roy et Martine Coupal, sont d'aigres-douces ballades pop-country-folk d'une grande tendresse où elle chante l'amour, ou encore le déracinement de la Beauce où elle a grandi. Le son? Sans reproche. Les belles mandolines, le dobro, l'ambiance y est d'une impressionnante justesse.

Elle arrive de nulle part, ou presque. À 29 ans, un premier album. «Je n'ai jamais pensé sérieusement à faire le tour des concours», le Festival de Petite-Vallée, de Granby ou les Francouvertes. «Ça fait longtemps que je travaille dans le milieu de la musique, dit Laurence. Mais le parcours des concours, ça n'a jamais adonné. J'ai toujours travaillé, et ça fait un moment que je pense à ce premier album, que je m'y consacre, les soirs, la fin de semaine. J'ai travaillé beaucoup en studio, je restais sous le radar.»

Le disque, réalisé par le musicien et amoureux des musiques de racines américaines Joe Grass et enregistré en grande partie aux studios Hotel 2 Tango, n'est pourtant pas le projet de ses temps libres. Fruit de ses rencontres, l'album éponyme marque le début d'une belle carrière qui a débuté à l'ombre d'une autre, celle de Catherine Durand, devenue son amie depuis. «Quand j'ai entendu son travail, ça m'a touchée. C'était la première fois que de la musique en français me touchait autant. Je lui ai écrit un courriel pour lui demander de m'écrire des textes, en lui envoyant mon démo, très naïvement.»

Au lieu de lui écrire des textes, Durand lui a proposé de travailler avec elle. «J'ai fait des spectacles avec Catherine, pendant Diaporama, j'ai chanté sur son disque Coeur migratoire.» Durand et Hélie ont en commun une oreille particulièrement sensible pour le folk et le country. Sans jamais tomber dans la caricature, bien que le genre ait tout d'un coup trouvé de nouveaux adeptes, autant dans le public que chez les créateurs.

Et ensuite? «J'ai un job, ça paie le loyer, mais j'espère que ce disque-là me permettra de faire des concerts et d'en faire mon métier.» La route est là, droit devant.

CHANSON

LAURENCE HÉLIE

LAURENCE HÉLIE

GORDON MUSIQUE