Wop Pow Wow est une fantaisie d'Angelo Finaldi, fut naguère une authentique pointure de la pop québécoise et qui aurait normalement fait une carrière internationale au même titre que d'autres Montréalais branchés monde au tournant des années 70.

S'il était allé au bout de son talent, le très doué musicien d'origine napolitaine (bassiste, chanteur, compositeur, etc.) serait peut-être réputé à l'échelle planétaire. En début de vingtaine, il avait été repéré par le producteur Lou Reizner, alors patron de l'étiquette Mercury. À Londres, il avait mis en chantier des chansons ambitieuses pour Rak Record, une étiquette britannique mise sur pied par nul autre que Mickie Most, un des grands producteurs britanniques des années 60 - Donovan, The Animals, Jeff Beck, etc. Avec Nanette, tous les espoirs étaient permis...

Rien de tout ça ne s'est vraiment concrétisé.

À une époque récente, Angelo Finaldi a réalisé qu'il était « pas du monde ». Il s'est finalement pris en mains (psychologiquement, du moins), envisagé le reste de son existence sur des bases plus sûres. À 60 ans, le voilà qui ressurgit avec un de ses plus beaux projets de pop montréalaise en 2010. S'y malaxent culture italienne locale ou traditionnelle, rap, jazz manouche, pop indie, pour ne citer que quelques couleurs de ce tableau flamboyant, nommé Wop Pow Wow.

Rappelons que l'ami Angelo avait déjà refait surface avec Blues Gitan, projet très sympathique de pop manouche mené par le guitariste et chanteur Denis Violetti. On l'avait vu reprendre goût au jeu, à la scène, à la composition. En novembre, dernier il a lancé le premier album de Wop Pow Wow, un projet familial des plus éclatés, impliquant amis et parents de la Petite Italie où il habite, sans compter d'autres doués collègues dont l'excellent percussionniste Miguel Zamarripa et le superbe guitariste Stéphane Tellier, un des grands artilleurs de la guitare acoustique au Québec.

« Je pensais que personne (des étiquettes de disques) ne voudrait de cet album, j'ai donc financé moi-même le projet avec un ami du petit label Milagro. La bénédiction, c'est qu'on a eu des bonnes critiques. Je n'en reviens pas ! Si tout va bien, je ferai un autre album l'automne prochain. En fait, je voudrais en faire trois, comme les trois volets de La Divine Comédie. »

Wop Pow Wow pourrait passer en deuxième vitesse dès ce soir la Sala Rossa où embraye sur scène une part congrue de la tribu d'Angelo. Il résume l'ambiance du départ : « Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai fait de mon mieux jusqu'à maintenant. Et que ça sent bon. Cette soirée à la Sala, c'est peu comme un premier rendez-vous avec une femme... et tu sens que ça va marcher ! »

Sa fille Coco a fait le voyage de Vancouver pour ce coup d'envoi - elle reprend goût au chant au fil des répètes, observe le paternel. L'ami Benoît Charest montera sur scène et complètera le travail de Stéphane Tellier. L'acteur Dino Tavarone sera aussi là pour y réciter quelques phrases et y présenter le concept au public. Les percussisonnistes Joannie Labelle, Jean-François Bégin (fils de Liette Lomez) et Joe Eric Farley ont également été recrutés pour ce grand départ sur les planches. Amie du clan, Betty (Bonifassi) pourrait même s'y pointer...

« J'aimerais monter une Bottine Souriante d'Italos, une drôle de caravane qui se promènerait dans le monde » de rêver le principal intéressé.

Quoi qu'il advienne, le musicien voit dans ce Wop Pow Wow l'évocation autodérisoire et non moins éclatée des Italiens de Montréal - d'où la fusion des termes wop et pow wow.

« Au vrai raffinement italiano, les immigrants venus de là-bas préfèrent les briques blanches de leurs façades. Ils pensent encore que Richard Desjardins est la succursale d'une caisse populaire... Et ils mangent beaucoup trop à leurs noces ! Venise ? Oublie ça ! Ce que j'exprime à travers ce projet, c'est la culture nord-américaine de l'Italien, tout ce kitsch.»

Les chansons de Wop Pow Wow, il faut dire, s'accompagent d'une légende urbaine fagotée par notre inénarrable Angelo, immigré à Montréal en mai 1959.

Wop Pow Wow, raconte-t-il sur la pochette de l'album, est une culture ayant pris ses origines avec la venue des premiers Italiens débarqués en Nouvelle France, soit en 1642 avec le Sieur de Maisonneuve. Virgilio Dididu voyage alors avec le chien ventriloque Ossobucco, l'ex-cardinal Luciferro et un buste de Dante qui parle (!), encourageant son propriétaire à y découvrir une terre paradisiaque afin d'y rapatrier la grandeur et la richesse de la Renaissance italienne.

Virgilio aboutit alors dans un village iroquois, y plante le buste de Dante. Il y trouvera enfin le bonheur grâce à un rituel animiste qui consiste à se chatouiller avec une plume de geai bleu, dont l'effet immédiat est de dissiper les nuages de la tristesse. Ainsi naîtra la petite Italie !

La suite du récit ? À entendre ce mardi soir...

Angelo Finaldi et Wop Pow Wow se produisent mardi soir, 20h, à la Sala Rossa.