Il existe un beau mot un peu désuet pour résumer le spectacle A la vida que donnait Ima mardi à L'Astral, et c'est le mot «allégresse» : une joie communicative, une légèreté contagieuse qui allège soudain tous ceux qu'elle touche. Déjà très rempli de spectateurs, L'Astral débordait aussi d'allégresse pendant les deux heures trente de ce spectacle généreux, chaleureux, printanier.

Plus prosaïquement, on pourrait aussi résumer la soirée avec deux des nombreux commentaires entendus au hasard parmi les nombreux spectateurs: «Ah, que ca fait du bien» et «Mais c'est don ben le fun!» C'est vrai que c'est le fun et que ça fait du bien, un spectacle dont on connaît la majorité des chansons, toutes des reprises sauf une (Reviens, écrite par Ima!), mais qui sont littéralement renouvelées par les arrangements, signés par l'homme-orchestre Guy St-Onge. Ce dernier dirige en effet les quatre musiciens pop, un quatuor à cordes et deux choristes, tout en jouant du piano et de la guitare et en assurant la mise en scène! Ses orchestrations de Ne me quitte pas, chanson éculée s'il en fut, étaient une pure splendeur de facture classique, qui faisaient redécouvrir tout le tragique de cette chanson.

Qu'on ne s'y méprenne pas pour autant: il n'y a pratiquement rien de tragique dans ce spectacle vitaminé, et les quelques moments plus tristes étaient même les bienvenus (une version impeccable de Cucurrucucu Paloma, une interprétation à tirer les larmes de Mourir dans tes bras), donnant encore plus de relief aux moments heureux.

Soutenues par des arrangements essentiellement latinos ou brésiliens en première partie et plutôt jazz, soul et rock en deuxième, toutes les chansons faisaient sourire ou se trémousser sur sa chaise - d'ailleurs, dès qu'Ima a invité le public à se lever pour danser et chanter, celui-ci ne s'est pas fait prier, tant les plus jeunes que les plus vieux.

Que ce soit À quoi ça sert l'amour, qui débute en bossa nova pour se transformer en samba ou la délirante Sara perché ti amo (S.V.P., enregistrez-là, quelqu'un, cette chanson, qu'on puisse se la faire jouer non stop cet été!), c'était du plaisir 100% pur. Quant à Précieuse Love, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu une chanteuse s'abandonner autant au pur bonheur physique de chanter. Profitons-en pour souligner l'excellence de ses musiciens, avec mention toute spéciale au guitariste et chanteur Danny Ranallo. Et pour suggérer que ce spectacle figure dans la programmation du Festival de jazz de Montréal, qu'il ne déparerait pas.

Ce nouveau spectacle n'a étrangement rien à voir ou presque avec celui qu'Ima donnait en 2007, au théâtre Saint-Denis (après la sortie de son disque Smile). À la fois plus raffinée et plus naturelle, dans une mise extrêmement simple et des décors sobres, habillée de façon ravissante par Andy Thê-Anh, avec ou sans ses souliers, Ima faisait ce qu'elle fait de mieux : chanter.

«Avec le spectacle Smile, je vous invitais dans mon salon, expliquait-elle aux spectateurs, avec A la vida, je vous invite dans ma vie ; après ce spectacle, vous pourrez dire que vous me connaissez.»

Je ne sais pas si on la connait mieux, mais je sais que les spectateurs ont connu ce soir la félicité. Ça aussi, c'est un beau désuet pour dire bonheur.

Ima présentera A la vida de nouveau à l'Astral demain (mercredi, 31 mars), ainsi qu' à L'Étoile Dix30 de Brossard le 8 avril et à la salle André-Mathieu de Laval le 10. Autres infos : https://www.ima.mu/fr/