Un nouveau festival veut faire son nid dans le printemps montréalais. Neon&High Food, du nom de ces deux entreprises locales de production d'événements, occupera la SAT, ce soir, demain et samedi en invitant une vingtaine d'artistes électro et rock d'ici et d'ailleurs. Ça commence en force avec une soirée dubstep mettant en vedette Flying Lotus, neveu de feue Alice Coltrane, qui nous a accordé une entrevue.

«Oui, je suis anxieux de savoir comment on accueillera mon nouveau disque, dit Steven Ellison, alias Flying Lotus. J'ai confiance, je sais que j'ai fait le meilleur album que je pouvais faire, à ce moment-ci de ma vie.»

Dire que les attentes sont élevées à l'égard de ce Cosmogramma - un titre qui passerait pour celui d'un album de Sun Ra, ce qui amuse le musicien, aussi très spirituel -, deuxième album du lotus volant, serait un euphémisme.

Depuis la sortie du premier, Los Angeles, sur l'étiquette légendaire Warp, la carrière de ce producteur, remixeur et DJ a été propulsée dans les hautes sphères de l'avant-garde hip-hop et électronique. Son style, qu'on tentera de décrire comme un volatile et avant-gardiste alliage entre hip-hop instrumental et ambiances électroniques, a ses adeptes. En Grande-Bretagne, surtout, où d'aucuns n'hésitent pas à le considérer comme un authentique visionnaire.

À Montréal, où il se produira pour la troisième fois, «FlyLo» s'amène avec sa quincaillerie de séquenceurs et ordinateurs pour offrir une performance audiovisuelle durant laquelle le matériel de l'excellent Los Angeles tentera de cohabiter avec celui, «plus organique», de Cosmogramma, un disque que son auteur qualifie de «space pop opera».

«C'est difficile à expliquer, mais disons que c'est un album de musique électronique traversé par toutes sortes d'influences, spécialement le jazz», qui nourrit son imaginaire musical depuis longtemps. Son cousin, le saxophoniste Ravi Coltrane, s'illustre d'ailleurs sur deux compositions; le bassiste de Sa-Ra Creative Partners et la harpiste Rebekah Raff collaborent aussi. «Je reste un beatmaker, dit-il, mais c'est vrai que je me suis un peu senti comme un chef d'orchestre en faisant ce disque.»

«Cosmogramma sera plus imagé, plus visuel, que le précédent. Une affaire théâtrale, «a theatrical space opera»», ajoute-t-il en échappant un rire confus.

En attendant sa sortie, début mai, les fans auront l'occasion d'en entendre des pans ce soir, à la SAT. Thom Yorke chante sur le titre ...And The World Laughs With You, mais sa voix est méconnaissable.