«Je ne vis plus à Montréal, mais, chaque fois que je rends visite à ma mère et que je prends une marche, il y a une chanson dans l'air qui ne demande qu'à être cueillie», nous disait Rufus Wainwright il y a trois ans. Sa plus récente chanson d'inspiration montréalaise, Zebulon, se retrouve à la toute fin de son nouvel album.

Zébulon, c'est le prénom d'un copain de classe au secondaire pour qui Rufus avait le béguin. La chanson est en quelque sorte une lettre à Zébulon pour reprendre contact et dans laquelle le chanteur lui raconte que sa mère est à l'hôpital et sa soeur, à l'opéra. Rufus a «cueilli» cette chanson alors qu'il marchait sur le mont Royal, chemin faisant de l'hôpital, où était sa mère Kate McGarrigle, et la maison maternelle à Outremont.

 

Ce n'est pas la seule référence à la famille McGarrigle-Wainwright dans l'album. Rufus y consacre même une chanson à sa soeur (Martha), la «femme brillante» à qui il dédie son album. Et dans laquelle il lui suggère d'oublier leurs vieilles rancoeurs envers leur père Loudon Wainwright III, qui les a abandonnés alors qu'ils étaient bébés. «Après le décès de ma mère, je réalise que ce qui compte, c'est le temps et qu'il n'en reste plus beaucoup», explique-t-il.

Aujourd'hui, Rufus vit surtout à New York, sa ville d'adoption, à Berlin - son amoureux est allemand - et de plus en plus à Londres. Si Martha envisage la possibilité de revenir à Montréal - elle a un fils maintenant et la façon dont les choses évoluent aux États-Unis n'est pas très rassurante, dit son frère - Rufus a un rapport différent avec sa ville natale depuis la mort de leur mère.

«Je vais être honnête avec toi: j'adore Montréal, je vais toujours y revenir, surtout à Saint-Sauveur où se trouve la maison familiale. Mais Montréal n'est plus la même ville pour moi désormais. C'est drôle, chaque fois que je revenais à la maison et que je voulais manger un sandwich à la viande fumée ou un souvlaki pour me sentir vraiment à Montréal, ma mère me grondait: «J'ai fait un ragoût, pourquoi irais-tu dépenser de l'argent pour de la bouffe?» Finalement, je mangeais son ragoût qui était délicieux, mais j'avais toujours le goût de Montréal dans la bouche. Aujourd'hui, je peux aller manger un souvlaki, mais je veux le ragoût!»