Milow est belge, chante sa pop folk en anglais depuis quelques années et jouit d'une reconnaissance populaire dans le Bénélux. Un jour, il a eu l'idée de reprendre Ayo Technology, tube de 50 Cent et Justin Timberlake, façon guitare acoustique. Propulsé par le buzz conséquent, voilà que Jonathan Vandenbroeck part à la conquête de l'Amérique avec son album éponyme réédité pour l'occasion. Survivra-t-il au « maléfice de la reprise «? Début de réponse lundi soir, à l'Astral.

Le «maléfice de la reprise»? Nombreux sont les musiciens qui ont été victimes de ce mauvais sort après être sortis de l'ombre, non pas grâce à une de leurs compositions (ou une composition originale), mais en reprenant le succès d'un autre, seulement pour y retourner (à l'ombre) sans avoir réussi à intéresser les mélomanes avec leur propre matériel.

 

Jonathan Vanderbroeck se défend d'être une de ces victimes du cover-cauchemar, même s'il en affiche déjà certains symptômes, à commencer par un succès assez foudroyant: ladite reprise, dont le clip a été visionné plus de 28 millions de fois sur YouTube, a ravi la première position des palmarès de singles en Allemagne, en Suède, au Danemark, en Suisse et dans les Pays-Bas, en plus de son pays natal.

«En Belgique, Ayo Technology est le septième single de mon album, dit-il dans un très bon français, teinté par l'accent flamand. Même que ma chanson You Don't Know a marché plus fort que cette reprise. Depuis 2008, je tourne beaucoup dans l'ouest de l'Europe. J'ai fait de la musique pendant des années avant d'enregistrer cette chanson qui, oui, je le concède, m'ouvre aujourd'hui beaucoup de portes.»

«La plupart de mes collègues musiciens passent leur vie à attendre un événement comme ça, le succès inattendu d'Ayo Technology. Je suis super content que ça m'arrive. Vrai, il y a des gens qui m'ont vu arriver en disant: ah!, voilà un one-hit wonder... Mais partout en Europe, on a ainsi pu découvrir mon album, puis les autres chansons qu'il contient. Je n'ai jamais été inquiété, je me disais que mes autres chansons pouvaient plaire.»

Parlons-en, tiens, de ces autres chansons. Jonathan «Milow» Vanderbroeck distille la pop et le folk de façon bien gentille, presque un peu timide; c'est dans la nature belge. «Belge, et pas Flamand, insiste-t-il. Je ne m'identifie pas à un camp ou à l'autre, même si, culturellement, je suis néerlandophone d'origine».

L'album éponyme réédité, son deuxième bonus tracks inclus, propose presque une vingtaine de ses compositions, calmes et racoleuses pièces dont se dégage une chaleur certaine, par la voix et le son des guitares propres au musicien. «Cette nouvelle version du disque paraît en premier au Canada», nous apprend-il fièrement.

Milow, déjà satisfait de son sort de musicien qui tourne dans son coin de continent - «Ce que j'aime le plus dans mon métier, c'est la scène. J'ai donné plus de 300 concerts ces deux dernières années» - vient donc tester les eaux américaines en se produisant à Toronto et Montréal. Choix judicieux, si on se donne la peine d'écouter l'album: il y a une chanson portant le titre Canada.

Traduisons: «Je vais déménager au Canada/Ouais, j'ai décidé/Tout laisser derrière/Sauter dans un avion et fuir cette pluie...» Milow chante ensuite qu'il va cogner chez Neil Young, qui lui offre un contrat après l'avoir entendu chanter, et devient un star aux U.S.A. «The Best Thing Since the Beatles/Is what magazines will write»...

Seulement s'il conjure le maléfice de la reprise.

Milow, en spectacle à L'Astral le 15 mars, à 20h.