Karma Atchykah lance Diasporama, un album qui nous permet de découvrir le talent de rappeur, de chanteur et de rassembleur de ce musicien actif dans l'ombre de la scène montréalaise depuis de nombreuses années.

«De la musique, j'en fais depuis que je suis enfant, mais écrire, faire du rap, j'en fais depuis l'âge de 14 ans. Du rap, pas de la poésie: écrire de la poésie pour de la poésie, ça ne m'a jamais intéressé pas. J'ai 28 ans, j'ai passé la moitié de ma vie à écrire», dit Karma, qui se dit d'abord inspiré par le rap américain, «Mos Def, A Tribe Called Quest. J'ai fini par écouter du rap francophone via mon frère et mon cousin, tous deux impliqués dans la scène».

 

Un enfant de la balle, en quelque sorte. «Je suis le petit frère qui ne pouvait pas sortir pendant que les plus vieux allaient dans des bars et des concerts», dit-il, rieur, de sa voix claire et franche. Si on hésite à dire qu'il a de l'humour, le rappeur a, en tout cas, un ton, enjoué et emphatique, qui nous le rend sympathique dès les premières mesures rimées de ses chansons.

Les fins connaisseurs de la scène rap locale connaissent déjà Karma Atchykah, faiseur de mixtapes compulsif et manieur de micro dans les deux langues (il a grandi dans le West Island) qui a déjà plus d'expérience de scène que la moyenne de ses confrères.

Un travailleur de l'ombre, qui décide de se montrer au grand jour avec cet album et sa participation aux Francouvertes (ah! et aussi un sacré beau site web: karmaatchykah.com). Son premier? «Si on veut, chaque album que je sors, je le considère comme mon premier. Disons que c'est mon dixième, mixtapes inclus. Avec mon gérant, on s'est dit que ce serait bien, un dixième album en 2010!» Son premier est paru en 2003. Qu'on n'en ait jamais vraiment entendu parler avant la sortie du mixtape plus tôt tient presque de l'exploit.

Musicalement, Karma touche au soul, au r&b, au reggae, au funk, tant que ça groove et que ça supporte le rap, on y va.

Une éponge à musique, le Karma, né à Montréal, de racines haïtiennes, il connaît la scène comme le fond de sa poche et s'inspire du talent des autres. Le «gang de Québec», entre autres. «Je me sens proche de ces gars-là, que j'ai connus à travers les shows, entre autres. Boogat (il coréalise le disque), un des Deux Toms, et KenLo», producteur/réalisateur de la Capitale, fameux fabricant d'instrumentaux qui jouit même d'une certaine reconnaissance à l'échelle web mondiale.

Mais la liste de collaborateurs invités à participer sur cet album double ne s'arrête pas là. Paul Cargnello, Jérôme Minière, aRTIST oF tHE yEAR, James DiSalvio et quelques autres sont aussi venus donner un coup de main au rappeur. Impressionnant. Le deuxième CD a été enregistré live avec l'orchestre The Consequences.

«Beaucoup d'artistes mettent du temps à se découvrir, ça a été mon cas, dit-il. Je le fais encore en collaborant avec d'autres et en réalisant que le rap plus rude, plus street, ça ne m'allait pas. À cause de ma provenance - mes parents ont travaillé fort pour nous, je suis allé à l'école privée. À cause de ça, j'ai toujours eu un certain complexe face au rap, au rap plus ghetto. Il y en a plein qui font ça, et mieux que je ne pourrais le faire. Qu'est-ce que je peux faire de différent, alors? C'est ça qui me motive.»

EN UN MOT

Un rap résolument original, musicalement varié.