Avec son huitième album, Wilco n'essaie plus de briser votre coeur. La bande de Chicago présente ses nouvelles chansons ce soir à l'Olympia. On en a parlé avec un des membres fondateurs du groupe, le bassiste John Stirratt.

«Are you under the impression/This isn't your life», chante Jeff Tweedy dans la première pièce du disque Wilco. Dans plusieurs autres extraits, on ressent aussi un certain détachement.

 

«Je ne sais pas si c'est ce que Jeff voulait dire», avoue John Stirratt. Le bassiste nous parle de Duluth, au Minnesota, où se poursuit la tournée du groupe. «Jeff nous explique habituellement ses textes, indique-t-il. Il ne l'a pas fait avec celui-là. Mais oui, je le perçois ainsi.»

Ce serait bon signe. Il y a six ans, Tweedy a été hospitalisé pour soigner les troubles d'anxiété que l'on connaît. Il est maintenant complètement sobre. L'excessif canalise ses énergies ailleurs. Dans le jogging, entre autres. Il y a trois ans, il subissait d'ailleurs une double fracture de stress aux tibias à cause de son nouveau passe-temps.

Bref, ça semble aller mieux. On entend plus d'humour que d'habitude dans le nouvel opus. La première pièce se nomme Wilco. Tout comme le titre du disque. La chanson culmine avec le refrain suivant: «Wilco, Wilco, Wilco will love you baby.» De l'ironie, de balancer son nom un peu partout comme un slogan?

«Bien sûr, lance Stirratt d'un ton affable et presque gêné. Pour plusieurs, on reste un groupe hyper sérieux et porté sur le mélodramatique. Alors on a voulu s'en moquer. On déconne aussi dans la vie. Fallait bien que ça s'entende sur le disque.»

L'album éponyme a été enregistré l'hiver dernier en Nouvelle-Zélande. Wilco s'y trouvait déjà pour participer au disque-bénéfice de Neil Finn (Crowded House). Il a décidé d'y rester. «Le studio à Auckland était vraiment superbe, on voulait continuer d'y travailler», explique Stirratt. Entre deux séances d'enregistrement, la bande a aussi visité le pays. Le bassiste se souvient d'une virée sur les plages volcaniques noires. «Une beauté très sombre se dégage de l'endroit. C'est quelque chose dont parlaient beaucoup les Maoris, je pense. Est-ce que ça a influencé notre écriture? Je ne sais pas. Mais c'était vraiment beau.»

Densité sonore

À l'Olympia ce soir, Wilco prévoit jouer plusieurs nouveaux titres, mais aussi quelques extraits de son répertoire rarement entendus en concert. «On ne veut vraiment pas vous présenter deux fois le même spectacle», assure Stirratt.

Wilco est beaucoup plus dense que Skye Blue Skye. On y entend plus d'ajouts en studio (overdub) et de couches sonores. «Le disque précédent ressemblait à une sorte de jam organique, raconte-t-il. Cette fois, on voulait profiter davantage des outils disponibles en studio. Mais je ne pense pas que le résultat rende claustrophobe. Il y a quand même beaucoup d'espace, ça respire.»

Cette subtile richesse provient entre autres du guitariste émérite Nels Cline, connu pour ses projets solos plus jazz et avant-gardistes. Stirratt assure qu'en spectacle, on ne perdra pas les nuances du travail studio de Cline et de ses comparses. «On est six musiciens, et sur scène, chacun utilise tous ses membres, tout le temps», blague-t-il.

Wilco s'est toujours un peu moqué de ceux qui qualifient sa musique de pop à tendance «expérimentale». «On ne réinvente rien, dit Stirratt. Vous savez, dans nos collections de disques, on possède beaucoup de vieux trucs. On y retourne souvent pour l'inspiration. Au coeur de la crise financière, par exemple, on a enregistré Jolly Banker de Woody Guthrie pour sa fondation familiale. Ça nous rappelle notre place dans la musique américaine... Je sais que ça sonne horriblement prétentieux, mais vous comprenez ce que je veux dire.»

Wilco, en spectacle ce soir à 20h à l'Olympia. Complet.