Présenté par l'influent magazine Les Inrockuptibles comme «l'un des secrets les mieux gardés de l'histoire du rock», Lewis Furey a renoué avec la scène parisienne jeudi soir après une absence de près de 30 ans. Il en a profité pour dévoiler, sous le regard ému de sa femme, l'actrice et réalisatrice Carole Laure, une autre facette de l'impressionnant talent de sa fille, Clara, danseuse réputée et désormais chanteuse.

Lewis Furey s'est installé pour quatre soirs à l'Européen, une jolie salle en hémicycle de près de 400 fauteuils, Place Clichy. Dans le public, il y avait beaucoup d'amis, comme l'acteur Jean-Marc Barr, la comédienne Gabrielle Lazure et le chanteur Pierre Barouh.

Ce concert pour voix et deux pianos, présenté dans d'autres versions à Montréal et Tokyo en 2008, s'intitule Selected Songs Recital. C'est une sorte de voyage dans le temps, dépouillé de toute nostalgie. Furey y interprète notamment des pièces écrites pour sa femme (comme la reprise de Save the Last Dance for Me qu'il avait superbement réarrangée), des chansons composées pour le cinéma (Rubber Gun Show), des extraits de Night Magic, composé avec son ami Leonard Cohen, etc.

En duo avec sa fille, Lewis Furey a revisité son adaptation d'Antoine et Cléopâtre de Shakespeare (créée en 2006), avant de la laisser présenter au public, en s'accompagnant elle-même au piano, trois chansons qu'elle a écrites et composées. Gros succès. La jeune artiste a confirmé qu'elle préparait un premier spectacle, qu'elle donnera dans les prochains mois à Montréal.

Les Inrockuptibles ont présenté le spectacle parisien de Furey et la sortie de ses «disques cultes» comme un «must». Le portrait que le magazine a consacré au Montréalais est d'ailleurs dithyrambique. À la fin des années 70, rappelle l'hebdomadaire, Lewis Furey «n'avait sérieusement rien à envier à Bowie ou encore Lou Reed» et écrivait des «pops-songs troubles et parfaites».

Se posant en héritier de Kurt Weil, Lewis Furey se décrit aujourd'hui comme un «auteur de chansons de théâtre», plus à l'aise dans «des tableaux de trois minutes» que dans les variétés, le rock ou le folk. Son retour sur scène n'est donc pas une lubie ou une fantaisie. Il compte maintenant faire «cinq ou six ans de tournée» pour «exposer ses projets» en revenant à son «premier métier», celui d'auteur-compositeur et «accessoirement» d'interprète.