Colin James lance son 12e album studio, Rooftops and Satellites. Après l'acoustique et le big band, il retourne au rock bluesé. Il offrira deux concerts ce soir au Métropolis. Il nous parle de blues, de bouddhisme et du respect de la tradition.

«Ce n'est pas le boogie typique, du genre: «Gonna find me a woman, gonna have a couple of drinks, gonna have some bourbon...». Les paroles sont plus ésotériques, d'une bonne manière. Je parle de la route qu'on l'on cherche tous à emprunter, de la quête qui recommence chaque matin.»

 

Colin James discute de Man's Gotta Be A Stone, la première pièce de son nouvel album. Elle calque «un peu John Lee Hooker et ZZ Top, comme le font inévitablement tous les boogies», avoue-t-il.

La différence, ce sont les paroles. «A man has gotta be a stone/A man's gotta carry his weight and get back home/A man's gotta see the sun/He's gotta know another new day has begun», chante James. Il qualifie la pièce de boogie bouddhiste.

Un nouveau mantra? «Bien, s'il faut choisir une religion, le bouddhisme n'est pas un mauvais choix, répond-il. J'ai lu quelques bouquins là-dessus, comme ceux de Thubten Chodron, et ils touchent quelque chose de particulier en moi», raconte-t-il.

Dans l'ensemble, Rooftops and Satellites est un disque de pop et de rock bluesé. Mais ce n'était pas l'intention initiale. Au départ, le Saskatchewanais voulait un disque plus doux. «J'écoutais pas mal de Ray Lamontagne, et je voulais quelque chose d'acoustique, se souvient-il. Mais sans trop m'en rendre compte, les deux premières pièces que j'ai écrites étaient assez rock. J'ai fini par emprunter cette direction pour le reste du disque.»

Le virage a été facilité par la collaboration de son ami musicien Tom Wilson (Junkhouse, Blackie and the Rodeo Kings) et du réalisateur Mike Fraser, qui a déjà travaillé sur la majorité des disques d'AC/DC.

Le changement ne vient pas seulement de l'extérieur. Quand on examine la carrière de Colin James, on remarque une tendance à jongler entre trois styles: la pop plutôt americana et acoustique, le big band et le rock bluesé. Le tout dans un style très accessible, pour ne pas dire conservateur. Après les deux disques avec son Little Big Band (2006 et 2007) et la pop de Limelight (2005), James était mûr pour retourner un peu à ses racines.

«Après Limelight, j'ai participé à des festivals de folk où je devais jouer après Ronnie Hawkins. C'était terrifiant. Là, je retourne en terrain un peu plus familier. Ça fait longtemps que je n'avais pas joué de power chords. Et ça fait du bien.»

Sur le site de Colin James, on voit une vidéo de John Lee Hooker. Une section est aussi réservée aux grands musiciens qui l'inspirent, comme Muddy Waters. Une grande affiche du bluesman trône d'ailleurs dans son studio. Dans son nouveau disque, il reprend aussi encore une fois une pièce de Dylan (If You Gotta Go, Go Now) et une autre de Toots&The Maytals (Johnny Coolman).

On lui fait remarquer qu'il semble avoir plus d'intérêt pour maîtriser et perpétuer le genre musical qu'il n'en a pour le faire évoluer. James hésite, puis acquiesce. «Peut-être que c'est parce que je ressens une petite responsabilité, réfléchit-il. Vous savez, j'ai déjà joué avec James Cotton, un grand de la scène de Chicago. Il a 74 ans aujourd'hui. Bientôt, il ne restera plus de témoin comme lui de cette époque, alors...»

Il nous parle aussi d'une autre influence déterminante: Stevie Ray Vaughn, avec qui il a partagé la scène une douzaine de fois, peu avant sa mort tragique en 1990. «Si vous tapez nos noms sur YouTube, le premier lien est un concert donné à Montréal. Il me laissait faire deux solos. J'étais tellement terrifié, j'ai complètement bousillé le deuxième.»

Il devrait être moins nerveux lors de ses deux concerts prévus au Métropolis. Il sera accompagné de sept musiciens (trompette, sax, orgue Hammond, guitares et batterie) et de son vaste répertoire. «La tournée canadienne s'annonce éreintante, lance-t-il d'un rire exaspéré. On joue deux fois la même journée à Montréal, et on change de ville chaque jour. On se souhaite bonne chance.»

Colin James en concert au Métropolis, ce soir à 18h30 puis à 21h30. Sièges réservés. Avec Suzie McNeil en première partie.