Pour la majorité des gens, vomir dans le placard d'une vague connaissance ne figure pas dans la compilation des meilleurs moments de sa vie. Mais avec , les critères diffèrent.

Suivie de quelques «wo-oh», l'anecdote devient le point d'orgue d'une chanson. Cette chanson, c'est Party at a Rich Dude's House. Et la connaissance, c'est Paris Hilton.

Mardi dernier au Studio Juste pour rire, Ke$ha chantait cette ode à l'allégresse et quatre autres tubes de pop bonbon trash dans un mini-concert showcase. Avec comme point culminant Tik Tok, où elle se brosse les dents avec du Jack Daniels avant d'aller faire les 400 coups.

Les vêtements étaient agencés aux textes: collants noirs, maquillage aux allures de lendemain de veille, paillettes d'or saupoudrées sur son corps et gros signe de$ sur son chandail noir. Le même$ avec lequel s'écrit Ke$ha.

De l'ironie, ce signe? «Oui, totalement, a-t-elle raconté plus tôt au téléphone dans la voiture qui venait de la cueillir à l'aéroport. Il n'y a pas très longtemps, j'étais complètement fauchée. Alors une amie m'a dit: pourquoi ne pas en rire?»

De Nashville à L.A.

Kesha Rose Sebert a grandi à Nashville avec une mère chef de famille monoparentale. Elle ne s'en plaint pas. «Ma mère (Pebe) était géniale avec moi, lance-t-elle. Elle m'a aussi initiée à la musique. Tu sais, elle écrivait beaucoup de chansons country. Elle en a même fait une pour Dolly Parton (Old Flames).»

Kesha l'imite. À 17 ans, son démo parvient à Dr. Luke, le producteur derrière les succès de Katy Perry, Avril Lavigne et plusieurs autres. Il l'invite à le rejoindre à L.A. Elle accepte. Tant pis pour le projet d'étudier la psycho et la religion à l'université.

«J'ai galéré pas mal au début, avoue-t-elle. Je faisais plein de boulots alimentaires, comme serveuse. On m'a virée après deux jours. Et le télémarketing était encore pire.»

Sa vieille Pontiac deviendra même son hôtel pendant quelque temps. Mais elle gardait le moral, car elle «savait qu'elle finirait par réussir».

Son histoire a quelque chose de typiquement américain. Un mélange de confiance et d'ambition, avec une foi un peu naïve dans le «destin». Cela explique peut-être son audace.

Jusqu'où est-elle allée? «Tu fais référence à ma visite chez Prince?», répond-elle d'un ton enjoué et un brin espiègle.

On acquiesce. Elle reprend l'histoire avec plaisir. De toute évidence, l'exercice médiatique ne la lasse pas encore.

«Alors j'ai donné 5$ au jardinier de Prince pour qu'il m'ouvre la barrière de sécurité. Oui, seulement 5$, assure-t-elle. La porte de la maison était déverrouillée, donc je suis entrée. Prince était là dans le couloir, avec sa guitare. J'ai réussi à lui donner mon démo avant que la sécurité ne me renvoie.»

Prince ne l'a jamais rappelée. Pas grave. D'autres personnes ont fait vibrer son cellulaire. Dans les mois suivants, elle a chanté pour Britney Spears, Paris Hilton puis dans Right Round de Flo Rida. Le tube a grimpé au sommet des palmarès l'année dernière. Quelques mois plus tard, c'était au tour du premier simple de Ke$ha, Tik Tok, d'occuper cette position. Notamment grâce aux producteurs Max Martin et Dr. Luke et à leur copier-coller de tous les sons de l'heure, de la distorsion électro jusqu'au hip-hop bonbon fluo méthodiquement confectionnés en studio.

Hormis sa participation à Lilith Fair, aucune tournée n'est prévue. À en juger par son spectacle éclair à Montréal, un peu de pratique ne lui nuirait pas.