À Montréal, le circuit des musiques exotiques se divise en deux.

D'un côté, les concerts plus underground, qui s'adressent d'abord aux Montréalais issus de l'immigration. De l'autre, le réseau des musiques du monde, qui s'adresse plutôt aux Occidentaux amateurs de métissage et de world beat.

La nuance est importante. Car ces deux mondes se côtoient peu.

Beaucoup plus médiatisés et organisés, les concerts de musiques du monde sont généralement présentés dans des grandes salles, dans le cadre de festivals subventionnés comme le Festival de jazz, le Festival du monde arabe ou Nuits d'Afrique. Les artistes appartiennent à des maisons de disques internationales et leurs tournées sont le fruit de stratégies concertées, qui passent généralement par la sortie d'un nouvel album et de grandes conventions internationales, comme le WOMEX.

Dans le réseau underground, c'est le contraire. Les artistes sont plus souvent liés à des maisons de disques nationales. On les fait venir parce qu'ils sont hot dans la communauté, et pas nécessairement parce qu'ils ont un album à promouvoir. Parfois, c'est un simple histoire de contacts: le producteur connaît le cousin, du frère du gars qui joue du trombone, alors il fait venir le groupe.

«Ces artistes font la vraie musique populaire de leur pays, et non de la world qui est passée par l'industrie occidentale, conclut Yves Bernard. Il y a une différence. Ce que les vrais latinos écoutent et ce que les amateurs de musiques du monde écoutent, ce n'est pas la même chose.»