Le Bureau de la concurrence britannique a autorisé juste avant Noël la fusion entre Ticketmaster et Live Nation, deux mois après l'avoir refusée. Cette fusion, qui créera un géant dans le monde du spectacle, est toujours sous examen par les autorités canadiennes et américaines.

Ticketmaster est le leader nord-américain de la vente de billets et Live Nation se spécialise dans l'organisation de spectacles, notamment ceux de U2, Bob Dylan et Madonna. Live Nation vend aussi des billets et Ticketmaster a acquis en 2008 une agence de représentation d'artistes, ce qui donnerait au nouveau conglomérat une intégration verticale phénoménale. Ticketmaster a suscité la controverse l'an dernier parce qu'elle redirigeait certains clients vers le site de revente de billets Ticketsnow même s'il restait des billets au prix régulier.

L'Association canadienne des consommateurs s'inquiète de la fusion, parce que Live Nation avait annoncé à la fin de 2008 l'intention de faire une concurrence accrue à Ticketmaster dans la vente de billets. Selon l'Association, le prix des billets pourrait augmenter.

Lors d'une audience sur le sujet au Sénat américain, en février, peu après l'annonce de la fusion, des organisateurs de spectacles se sont inquiétés du fait que Live Nation ait accès à des informations commerciales confidentielles par le truchement du réseau de vente de billets de Ticketmaster. Les deux entreprises ont affirmé qu'elles érigeraient un mur entre les deux sections de l'entreprise et que la fusion était essentielle pour faire face aux changements qui érodent les revenus de l'industrie de la musique.

Bureau de la concurrence

Au Bureau canadien de la concurrence, l'enquête n'est pas terminée. «Il faut du temps pour recueillir l'information, l'analyser de façon responsable, concevoir des mesures correctives s'il y a une sérieuse possibilité d'effets anticoncurrentiels et voir avec les parties si elles accepteront ces mesures correctives ou s'il sera nécessaire de porter l'affaire devant le Tribunal de la concurrence», a expliqué en entrevue Alexa Keating, relationniste au Bureau.

À titre de comparaison, l'an dernier, une fusion entre Wyeth et Pfizer annoncée en janvier a été approuvée par le Bureau en novembre et l'acquisition de Petro-Canada par Suncor, annoncée en mars, a été approuvée en juillet avec des conditions qui ont été respectées en décembre.

Live Nation est dirigée depuis 2005 par un Ontarien de Sudbury, Michael Rapino, qui a accompli une consolidation des organisateurs régionaux de spectacles des États-Unis à la fin des années 90, après un séjour au secteur de la promotion de Labatt. La valeur combinée de la nouvelle entreprise est de 2,5 milliards de dollars américains et ses ventes dépassent 5 milliards.

La fusion avait été refusée par le Bureau de la concurrence britannique en octobre. Celui-ci craignait qu'elle n'empêche l'arrivée planifiée au Royaume-Uni d'un organisateur de spectacles allemand dont Ticketmaster devait vendre les billets. Ticketmaster et Live Nation ont réussi à convaincre les autorités britanniques que Ticketmaster honorerait son entente avec l'entreprise allemande.