Le jazz manouche a longtemps été l'affaire de musiciens et très peu de musiciennes. On pense à Django Reinhardt et à Stéphane Grapelli.

Cette époque est révolue. Depuis 2003, le manouche se conjugue au féminin, surtout depuis l'arrivée de Christine Tassan et Les Imposteures. Quatre brillantes musiciennes, inspirées au possible: l'instigatrice du quatuor et guitariste Christine Tassan, la violoniste Martine Gaumond, la contrebassiste Blanche Baillargeon et l'autre guitariste et chanteuse, Lise-Anne Ross. Quatre musiciennes et un disque, Pas manouche c'est louche, paru cet automne et hautement recommandé par la critique. Treize titres, dont des relectures de Puttin' On the Ritz, d'Irving Berlin, Les blondes, d'Anne Sylvestre, et Rimes, de Claude Nougarou.

«J'ai toujours été accro de Django Reinhardt, a raconté Christine Tassan. Accro depuis mes premières aventures avec une guitare.»

La violoniste Martine Gaumond a rallié les rangs des Imposteures en 2006. Une décision tout à fait logique et inspirée par le duo Reinhardt-Grapelli.

«J'ai grandi avec la musique traditionnelle. On n'écoutait pas du jazz manouche dans mon entourage, a-t-elle insisté. Puis, il y a eu Les triplettes de Belleville et, ensuite, Stéphane Grapelli. Le rythme est d'abord venu me chercher, mais il y a aussi toute cette place laissée à l'improvisation. Pour une violoniste, c'est précieux.»

Le groupe aurait bien pu se contenter d'interpréter des pièces déjà connues du répertoire manouche. Non, les quatre musiciennes ont décidé de lorgner du côté de la création.

«On est d'abord et avant tout des musiciennes, alors on est attirées par la création. On travaille nos propres compositions et ça nous arrive à l'occasion de travailler avec des pièces connues ou méconnues. On a adapté La badinerie de Bach pour une émission radio de Radio-Canada et on en a fait autant avec une pièce de Chick Corea», a expliqué Christine Tassan.

L'année 2010 sera importante pour les adeptes du jazz manouche. Elle marquera le 100e anniversaire de naissance de Django Reinhardt. Une autre coïncidence: le groupe Les Imposteures a été formé en 2003, l'année du 50e anniversaire du décès du célèbre guitariste qui a perdu deux doigts lors de l'incendie de sa roulotte, en 1928.

«J'ignore si on soulignera son 100e anniversaire ici, mais une chose est sûre, il est ne passera pas sous silence en France», a soutenu l'instigatrice du groupe.

Christine Tassan et Les Imposteures donnent une quarantaine de spectacles par année. En 2008, elles se sont rendues en France et leur passage n'a laissé personne indifférent.

«Pendant de très longues années, le manouche a été l'affaire de musiciens car très peu de musiciennes en faisaient. Lors de notre passage en France, ça s'est très bien passé. Les critiques ont été élogieuses», a mentionné la guitariste et chanteuse.

Deux des musiciennes du groupe se sont arrêtées dans la région, il y a quelque temps, et avant de regagner Montréal, elles ont fait un détour vers les bureaux du Festival international de jazz d'Ottawa. Elles y ont rencontré son directeur artistique, Jacques Émond, avec l'espoir de se retrouver au parc de la Confédération, à l'été 2010.