Moby et les Backstreet Boys en concert, Milla Jovovich et Marion Cotillard réunies pour une chanson: les ONG convoquent les stars de la musique et du cinéma pour mobiliser l'opinion publique et faire pression sur les dirigeants avant le sommet de Copenhague.

Le 7 décembre, pour le coup d'envoi du sommet de l'ONU sur le climat, on ne croisera pas seulement dans la capitale danoise des négociateurs et des scientifiques, mais aussi... un boys band.

Les Backstreet Boys, des Américains qui ont vendu 76 millions d'albums, y donneront un concert - compensé carbone - organisé par la Commission Européenne. Celle-ci s'est alliée à la chaîne musicale MTV afin de faire connaître les actions de l'Europe en faveur du climat et sensibiliser les jeunes.

Pour leur parler, ils ont recruté des ambassadeurs davantage habitués aux scènes des festivals qu'aux séminaires écolos: le pape de l'électro grand public Moby, Metallica, Natalie Imbruglia, The Offspring... ont participé à leur campagne.

L'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a, lui, demandé à une soixantaine de stars (Lily Allen, Marion Cotillard, Mélanie Laurent, Milla Jovovich...) d'enregistrer une «pétition musicale» en faveur du climat. Et cette reprise de la chanson Beds are Burning a été lancée en grande pompe cet automne, lors de la Fashion Week à Paris.

Pour leur appel à un «ultimatum climatique», Greenpeace France et une dizaine d'ONG ont aussi fait appel aux stars de la scène hexagonale, lors d'un concert avec Yannick Noah, Zazie et le groupe Tryo, auxquel ont assisté 6 000 spectateurs.

Ce genre d'initiatives «permet de toucher au-delà du public militant qui nous écoute habituellement. Il faut jouer sur différentes fibres pour pouvoir interpeller le public», explique à l'AFP Karine Gavand, chargée de campagne climat chez Greenpeace France.

Dans un monde saturé d'information et où la communication est reine, le but est aussi d'imposer sa voix dans les médias.

«Nicolas Sarkozy est très fort pour les discours incantatoires et on a du mal à montrer que les décisions et les positions prises par la France ne sont pas du tout à la hauteur. Un outil comme ce concert nous permet de faire passer un message au grand public qu'il est difficile de transmettre sans des canaux aussi puissants», ajoute Mme Gavand.

L'idée n'est pas neuve. De la chanson du Band Aid pour l'Ethiopie à l'engagement de George Clooney pour le Darfour, les stars ont souvent servi de catalyseurs. Et certains, à l'image de Bono ou Bob Geldof, sont devenus des interlocuteurs privilégiés des chefs d'Etat, à travers leur groupe de pression pour l'Afrique, One.

Mais «cela marche parce qu'en 25 ans Bono et Bob Geldof ont acquis une crédibilité et une connaissance du sujet telles qu'ils peuvent dialoguer sérieusement avec les dirigeants», explique à l'AFP Oliver Buston, directeur Europe de One.

Si l'environnement n'a pas encore trouvé son Bono, des stars comme Leonardo di Caprio ou Robert Redford sont devenues les figures d'une industrie du spectacle qui commence à s'interroger sur ses pratiques.

Ainsi, le groupe britannique Radiohead a fait un bilan carbone de sa tournée, la septième saison de la série télévisée américaine «24 heures Chrono» a réduit de 43% ses émissions de CO2, des festivals de musique troquent les verres en plastique pour des gobelets recyclables...

Et pour reconnaître «vrais» et «faux» écolos, un site internet, www.ecorazzi.com, traque même les potins «verts» des stars.