Il suffit d'écouter Ton Koopman parler de musique baroque pendant quelques instants pour être convaincu que l'on a affaire à un passionné comme on en trouve rarement. Ce n'est pas pour rien que le Festival Bach de Montréal l'a choisi comme président d'honneur : il est une sommité mondiale en la matière.

Organiste, claveciniste, musicologue, chef d'orchestre et professeur, c'est coiffé de presque tous toutes ces casquettes qu'il sera présent à Montréal pendant le festival, le temps de quatre concerts et d'un cours de maître.

 

La meilleure part des oeuvres qu'il jouera à l'orgue ou au clavecin sera évidemment réservée à Jean-Sébastien Bach. Pour lui, c'est le plus grand compositeur, l'architecte au centre de la musique occidentale. Et pas besoin d'être un connaisseur pour l'apprécier! Bach est accessible à tous, affirme-t-il.

«La musique baroque est la plus facile à comprendre, parce que le tempo est dynamique et qu'il y a de beaux airs, dit-il. Elle n'exprime pas des émotions individuelles et des passions très personnelles comme la musique du XIXe siècle. Ce sont plutôt des émotions claires et communes à tous. La joie ou la douleur chez Bach, ce sont celles de tout le monde.»

Même si l'on ne connaît rien à la musique, on peut se laisser toucher par le message de Bach sans se livrer à de savantes analyses du contrepoint, ajoute le musicien. Par contre, les interprètes du baroque doivent être de véritables spécialistes, connaissant parfaitement tous les paramètres du style!

Et quand on parle de style, il est primordial à ses yeux de jouer d'une manière la plus fidèle possible aux intentions originales du compositeur et à l'esthétique de la période baroque. Pour ce faire, il privilégie les instruments historiques et leurs copies, car les instruments modernes n'ont pas la même sonorité et les mêmes possibilités de rendre le phrasé, que leurs ancêtres.

Ce message est au coeur de son travail de musicien. Il le propagepartout depuis l'apprentissage avec sonmaître, le grand claveciniste et chef d'orchestre Gustav Leonhardt, comme lui néerlandais. Avec son contemporain Nikolaus Harnoncourt, Leonhardt a renouvelé l'interprétation du baroque, jusque-là très influencée par l'orchestre symphonique moderne.

Aujourd'hui, Ton Koopman est l'un des plus importants porte-étendards de ce mouvement. Comme musicologue, il se consacre à comprendre comment jouer de la manière la plus authentique et la plus conforme à cette période.

«On ne peut jamais être sûr à 100% de la façon dont on jouait, mais grâce aux traités musicaux et aux lettres de l'époque, on peut s'en rapprocher, expliquet- il. C'est comme un grand casse-tête dont on retrouve les morceaux un à un. Sans jouer exactement comme Bach, on peut certainement jouer comme un très bon élève de Bach.»

Comme chef d'orchestre, il transmet ce savoir aux musiciens qu'il dirige. «Je constate qu'aujourd'hui, dans les orchestres symphoniques, il y a une très grande envie d'apprendre à traduire l'esthétique baroque avec les instruments modernes, dit-il. Même si les musiciens n'ont pas d'instruments anciens, j'essaie de leur expliquer comment imiter le jeu baroque sur leurs instruments, et cela produit de très grands changements.»

Cet amour pour les sonorités de jadis, il l'avait déjà étant jeune. Pour lui, le piano moderne n'a jamais été intéressant. Il n'apprécie guère les interprétations de Bach au piano, comme celles de Glenn Gould. Adolescent, alors que le commun des mortels n'avait pas accès à des clavecins, il insérait même des punaises dans son piano pour obtenir un son plus métallique!

Mais il s'est bien rattrapé depuis. Avec sa femme, la claveciniste Tini Mathot, qui jouera avec lui pendant le festival, il possède maintenant neuf clavecins, deux orgues à tuyaux et un piano ancien de marque Stein. Le tout s'entasse dans le domicile familial, une vieille résidence pour retraités qu'ils ont acquise pour faire de l'espace à cette passion plus grande que nature: celle de la musique baroque et ses instruments.

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Festival Bach de Montréal, du 24 novembre au 5 décembre 2009.

Ton Koopman et Tini Mathot au clavecin, Collège Marianopolis, 29 novembre 19h30.

Koopman à l'orgue, Église de l'Immaculée- Conception, 30 novembre 19h30.

Koopman avec l'OSM, Salle Wilfrid-Pelletier, 1er et 2 décembre, 20h.

Cours d'interprétation ouvert au public, Conservatoire de musique de Montréal, 5 décembre de 10h à 13 h.

Koopman dirige l'OSM le 9 décembre, 10 h 30.