Demain soir, la rousse chanteuse et musicienne manitobaine Loreena McKennitt sera des invités de l'émission Tout le monde en parle, où elle parlera bien sûr de son nouvel album, le double CD A Mediterranean Odyssey, et peut-être des raisons pour lesquelles elle n'a pu être de l'émission la semaine dernière...

Car Loreena McKennitt devait être de l'émission du 22 novembre. Seulement, voilà, elle était coincée quelque part dans le Nunavut: «Or, on ne revient pas facilement du Grand Nord, et comme j'y étais avec mon escadron...» Car depuis 2006, l'auteure-compositrice-interprète est colonel honoraire du 435e Escadron de recherche et de sauvetage de la 17e Escadre Winnipeg des Forces canadiennes.

Avant de se surprendre de la chose, il faut savoir que le fiancé de Loreena McKennitt s'est noyé en mer en 1998; son corps et celui de ses compagnons n'ont jamais été retrouvés. Pour surmonter ce deuil, la chanteuse a fondé le Fonds commémoratif Cook-Rees pour le sauvetage et la sécurité nautique, ramassé des fonds (plus de 4 millions de dollars) pour favoriser l'éducation et la recherche en sécurité nautique et mis sur pied la fondation Three Oaks Foundation, qui soutient des groupes communautaires de toutes sortes.

Bref, tout cela pour dire que celle qui vit désormais près de Stratford (Ontario) a pris un avion il y a une dizaine de jours pour visiter son escadron, dont le mandat est justement la recherche et le sauvetage de personnes en détresse. Et qu'elle est restée bloquée là-bas, à quelques kilomètres du pôle Nord!

«Mais je suis vraiment contente que l'émission ait bien voulu m'inviter de nouveau cette semaine, explique-t-elle. Un de mes drames, c'est de ne pas pouvoir parler français, alors que je l'ai pourtant appris à l'école pendant six ans, mais rien à faire: je l'écris un peu, je ne le parle pas. C'est certainement une des pires failles de mon développement personnel, et je suis sérieuse quand je dis cela.»

De la scène au studio

Loreena McKennitt est généralement sérieuse quand il s'agit de langue, de culture et de musique. A Mediterranean Odyssey, son tout récent double album, en témoigne, d'une certaine façon: sur le CD The Olive and The Cedar, on a regroupé neuf des morceaux les plus connus de la rousse Loreena, dont certains remontent à 1991 (plus deux autres de ses chansons phares); sur le CD From Istanbul to Athens, on trouve ces même neuf morceaux (plus deux autres), mais interprétés en spectacle lors d'une vaste tournée sur la côte méditerranéenne, qui l'a menée en Turquie, au Liban, en Hongrie, en Italie et en Grèce, dans des lieux historiques (et à ciel ouvert) comme l'ancien Odeum de Patras (Grèce) ou le Teatro Antico Taormina en Sicile. L'expérience est fascinante: entendre le même morceau en version studio et en version live, c'est comprendre à quel point la scène est indispensable à l'évolution de la musique.

«Au départ, nous ne devions pas faire de disque avec cette tournée, explique-t-elle. Mais c'était si particulier, faire des spectacles dans une partie du monde où je n'étais jamais allée jouer, alors que c'est la source d'inspiration même de mes recherches en musique depuis 25 ans: la rencontre entre la musique de l'Occident et celle de l'Orient, leurs influences mutuelles... On a beaucoup discuté avant de se décider à enregistrer, et finalement, ce qui l'a emporté, c'est que nous allions mettre sur disque des morceaux qui n'existaient pas déjà en version live. Car même si ce sont les mêmes musiciens qui jouent le même morceau avec sensiblement les mêmes instruments, ça ne donne pas la même interprétation. C'est toute la force du spectacle par rapport au studio.»

On réalise également que la voix de la chanteuse est plus belle que jamais: «Merci, c'est gentil de me le dire, mais je crois que cela veut simplement dire que je suis plus expérimentée qu'à mes débuts, plus détendue aussi quand je chante. Quand j'ai débuté (en 1985), je n'étais certainement pas aussi sûre que l'orientation celtique et folk qui m'intéressait allait intéresser d'autres personnes.»

Depuis cette époque, elle a vendu des millions de ses disques dans le monde. Et tous ceux qui l'ont vue en spectacle - notamment à Montréal il y a deux ans et à Québec l'été passé - s'entendent: sa musique est intéressante!

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EN UN MOT

Chanteuse, compositrice et harpiste, la Canadienne Loreena McKennitt s'est d'abord fait connaître mondialement par son intérêt pour la musique celtique, puis pour la musique du monde. Elle a enregistré huit disques studio et quatre albums en spectacle, dont le plus récent a été lancé il y a quelques semaines.