L'auteure, compositrice et interprète pop britannique Imogen Jennifer Jane Heap a connu une véritable renaissance, musicale, professionnelle, à travers les réseaux sociaux et les séries télé américaines, qui l'ont introduite à un vaste auditoire. Elle est en concert vendredi soir au National. Que diriez-vous de l'accompagner sur scène?

Au très petit matin le jour même de notre entrevue, plusieurs heures avant son concert prévu à Nashville, Imogen Heap lançait son habituelle invitation via Twitter, dont elle est une fidèle utilisatrice: «Vais tenir d'autres auditions pour violoncelle à 11h, heure centrale, sur vokle.com - ferais mieux d'aller me coucher, dans ce cas!»

«Les types qui ont créé Vokle m'ont contacté, nous nous sommes rencontrés à Los Angeles, raconte-t-elle d'une voix douce, pas tout à fait réveillée. Il s'agit d'une plateforme et d'un petit logiciel qui permet la conversation audio et vidéo en direct avec tous les internautes qui s'y joignent. J'ai tout de suite vu le potentiel de l'outil; ainsi, puisqu'une de mes chansons requiert un violoncelliste, j'invite les fans à passer des auditions via Vokle pour chacun de mes concerts. Le musicien retenu monte alors sur scène avec moi pour cette chanson.»

Du coup, Vokle se fait une sacrée belle pub en se frottant à une des artistes qui a le mieux embrassé le web et les réseaux sociaux pour faire avancer sa carrière, catapultée aux États-Unis lorsque les séries télévisées The O.C. et Criminal Minds ont utilisé ses compositions pour illustrer leurs scènes.

Au milieu des années 90, Imogen Heap a collaboré au projet Acacia avant de lancer un premier album solo, iMegaphone (1998), qui fait bien peu de bruit. En intermède à sa carrière solo, elle participe au duo Frou Frou, avec le réalisateur Guy Sigsworth (à cette époque, il travaille avec Madonna et Britney Spears), puis offre Speak For Yourself (2005), tout en tissant un réel contact avec ses fans via son blogue.

Tous les jours, «Immi» s'adresse à ses 1,28 million de «suiveux» sur Twitter, où elle a d'ailleurs détaillé le processus de création d'Ellipse, son troisième album solo, paru l'été dernier.

«J'ai apprécié l'expérience de raconter la création de ce disque sur Twitter. Je crois toutefois que ce sera différent pour mon prochain disque, d'abord parce que je juge important de trouver l'équilibre entre sa vie personnelle et ce qu'on dévoile via cet outil», dit celle qui dissimule souvent ses textes intimistes derrière un nuage d'images déroutantes.

«Vrai, mes chansons sont personnelles et je suis volontairement mystérieuse sur certaines d'entre elles, parce que je veux me libérer d'une émotion sans avoir à tout dévoiler ou incriminer quelqu'un... Une chanson comme Hide and Seek (succès de l'album Speak for Yourself, reprise dans l'émission The O.C.) est très personnelle, mais la manière dont je l'ai écrite permet à n'importe qui de s'y identifier.»

«Aussi, j'entends procéder différemment pour la création du prochain album; plutôt que de m'enfermer pendant des mois à plancher sur un disque, j'ai envie d'essayer de lancer les chansons au fur et à mesure que je les enregistre. Ça, et collaborer avec plus de gens.»

Car, en studio, la musicienne a pris l'habitude de travailler toute seule. Mélodies, textes, arrangements, tout émerge de sa tête, de ses synthés et ordinateurs. «Je ne fais pas de la musique électronique, nuance-t-elle, et d'ailleurs, peu importe le genre de musique qu'on fait aujourd'hui, les ordinateurs sont requis, alors... Alors, à mon sens, je fais de la chanson, bien simplement, mais accompagnée par la sonorité des outils que j'utilise.»