Tcheka, Mayra Andrade, Lura et autres artistes émergents du Cap-Vert surfent sur cette vague initiée par la diva aux pieds nus, Cesaria Evora. Ce n'est pas exactement le cas de Sara Tavares, d'origine capverdienne mais qui a grandi à Lisbonne. Et qui n'insiste pas trop sur ses origines insulaires. Qui s'en plaindra?

«Je n'étais pas allée au Cap-Vert ces quatre dernières années, je n'y suis retournée qu'en septembre. Xinti, mon nouvel album, a été conçu à Lisbonne. Je n'avais pas l'intention particulière d'y exprimer mon identité d'origine mais bien d'y faire valoir ce qui vibrait dans mon for intérieur.»

 

Lorsque le téléphone portable a sonné, Sara Tavares venait de débarquer à New York, une étape cruciale de sa tournée nord-américaine qui la mène aujourd'hui à Montréal. On a recontacté l'auteure-compositrice-interprète parce qu'on avait aimé illico cette jeune dame aussi charmante que douée, une naturelle de la scène. C'était aux Nuits d'Afrique il y a trois ans, la chanteuse n'avait pas encore atteint la trentaine. C'était aussi l'année de la sortie de Balancê, un album folk-afro-pop très agréable à écouter.

Sauf la langue portugaise, cette pop de création n'a cessé d'étendre le spectre de ses influences. «J'aime beaucoup Xinti, dit-elle fièrement et non sans douceur. Cet album représente où je suis aujourd'hui en tant qu'être humain. J'ose espérer être devenue plus mature, plus calme, plus solide. Mes idées musicales sont plus achevées et, pourtant, la production du dernier album semble plus simple.Mais le défi est plus grand: l'idée à l'origine d'une chanson doit être forte, sa profondeur doit en justifier la simplicité dans le traitement.»

Sara Tavares raconte avoir amorcé la création de Xinti lors de ses tournées précédentes, après quoi elle a posé ses valises et refait le plein d'idées.

«Ça m'a permis de réfléchir à de nouvelles mélodies, de nouveaux accords, de nouvelles couleurs. Lorque j'ai fait la préproduction chez moi, j'ai réalisé que cet album serait plus sobre, plus intime. J'ai ensuite invité des musiciens de jazz afin qu'ils interprètent mon nouveau matériel. Je cherchais plus de liberté dans l'interprétation.»

Bien au-delà de son patrimoine insulaire et africain, la musicienne s'exprime à travers folk, soul, reggae, hip-hop et un brin de jazz. À l'écoute de Xinti, le point d'ancrage dépasse largement les origines capverdiennes de Sara Tavares, ce qu'elle reconnaît d'emblée.

«C'est vrai, je suis de plus en plus ouverte au monde. Sur le plan strict de la langue, vous savez, j'évolue dans un espace qui est déjà très vaste. Ainsi, les musiciens avec qui je travaille proviennent du monde lusophone: Portugal, Angola, Cap-Vert... Brésil? J'adore la musique brésilienne, j'y suis allée chanter trois fois. Je suis d'ailleurs chanceuse et très fière que Daniela Mercury ait enregistré une de mes chansons pour son prochain album. Je tire beaucoup d'inspiration du Brésil, je crois néanmoins que ma musique provienne davantage du Portugal et des pays lusophones d'Afrique.»

Qui s'en plaindra?

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Présentés par le Festival international de jazz de Montréal, Sara Tavares et ses musiciens se produisent ce soir, 20 h, à l'Astral.