Le quintette pop vocal Chic Gamine profite au maximum de l'intérêt qu'il suscite au Québec, au Canada et aux États-Unis, porté par ses chansons légères et bilingues. De Winnipeg à La Nouvelle-Orléans en passant par Montréal, lorsque l'horaire le permet, les quatre filles et l'unique gars (le chanceux!) jouent les ambassadeurs officieux du 23e Coup de coeur francophone.

Quand on aime, on partage: le Coup de coeur salue cette année 15 festivals itinérants de la chanson. La contagion, puisque c'est dans l'air du temps, s'étend dans les grands centres du pays où l'on s'intéresse à la musique francophone. Heureusement, au contraire de la grippe, il n'y a pas de vaccin contre la bonne chanson.

Celle de Chic Gamine, légère et scintillante, s'attrape à la première écoute. On ne parle pas encore de pandémie, mais les premiers signes ne trompent pas.

«On donne beaucoup de concerts aux États-Unis: Californie, Michigan, Oregon, Washington... En fait, c'est aux États-Unis qu'on a donné nos premiers concerts», note la chanteuse et instrumentiste d'origine franco-manitobaine, Andrina Turenne. On n'a pas donné beaucoup de spectacles à Montréal ni même chez nous, à Winnipeg.»

Jusqu'au 11 décembre, des artistes de la francophonie canadienne visiteront des grands centres (Moncton, Toronto, Vancouver...) pour répandre la bonne nouvelle dans la langue de Félix, Andrea Lindsay, Michel Rivard, Frederic Gary Comeau, Catherine Durand et plusieurs autres.

Mais pas les filles de Chic Gamine, occupées qu'elles seront à écrire les chansons de leur deuxième album, qui devrait paraître au printemps prochain.

Pour son premier concert à Montréal depuis les FrancoFolies (où on l'a d'ailleurs découvert), le quintette déborde de bonnes mélodies et d'arrangements vocaux fins, en anglais (l'une des filles est unilingue anglophone) mais aussi en français, témoignage de cette dualité manitobaine dont les filles se réclament. Le succès commence à poindre ici et plus au sud. Dans leur patelin, on célèbre les musiciennes, lauréates d'un prix Juno pour leur premier album, dans la catégorie World/Trad.

«Le trip, c'est de partager notre musique dans toutes les langues, avec les spectateurs et à l'intérieur même du groupe, explique Andrina Turenne. Même lorsqu'on donne des concerts aux États-Unis, on apporte nos chansons en français puisque nous sommes fières d'être francophones. Pour nous, c'est une célébration des langues et de la musique.»

Madrigaïa

À l'origine de Chic Gamine, il y a eu le laboratoire de chant pop Madrigaïa, dont trois des musiciennes ont fait partie. Très vocal déjà, présent dans les circuits de diffusion de la musique du monde, le groupe - Andrina, Annick Brémault et Ariane Jean - s'est enrichi d'Alexa Dirks et du percussionniste montréalais Sacha Daoud. Après un an de concerts, le groupe a lancé son premier disque, à compte d'auteur, l'année dernière.

La soul, le R&B, la musique brésilienne, le doo-wop et la chanson influencent le quintette, mais toutes ces traces musicales se fondent et s'effacent derrière les belles compositions et, surtout, derrière les arrangements vocaux inventifs et dépouillés qui font le charme de Chic Gamine.

«Notre musique est difficile à qualifier parce qu'elle s'articule essentiellement autour des voix et des percussions, précise Andrina. Ça donne un peu la vibe roots, bien que nos influences n'aient rien à voir. Il y a des avantages, par contre, à porter l'étiquette world et roots: on peut se glisser dans la programmation de plein de festivals, de jazz, de musique du monde, de folk.»

Ou, plus simplement encore, dans un festival de chanson. Chic Gamine sera en concert mercredi soir, au Lion d'or, avec Alcaz'.

En un mot

Quatre filles, un gars, une chanson faite de cordes vocales et de peaux de tambours.

Dernier disque

Chic Gamine, indépendant, 2008